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02/11/2009
Charles Koechlin : Œuvres pour piano, vol. 1
Michael Korstick (piano)
Enregistré à Stuttgart (2007) – 76’
Hänssler Classic 93.220 (distribué par Intégral)





On doit l’essentiel de la discographie récente de Charles Koechlin au travail de pionnier de la radio de Stuttgart relayé par la firme würtembergeoise Hänssler Classic, en collaboration avec les Archives Charles Koechlin, lesquelles se trouvent… à Kassel, en Allemagne centrale, au nord de Francfort.


Cherchez l’erreur ? Mieux vaut se résigner une fois de plus à ce que le travail de fond de réhabilitation d’un de nos grands compositeurs français ne s’effectue pas chez nous. Il nous reste donc simplement à apprécier à sa juste valeur ce premier volume d’une édition intégrale des oeuvres pour piano de Charles Koechlin. Le projet devrait s’étaler sur trois ou quatre CD et complétera le passionnant travail d’édition des œuvres symphoniques de Koechlin déjà entrepris chez le même éditeur (des enregistrements à posséder : Course de Printemps, Vers la voûte étoilée, Le Docteur Fabricius, Le buisson ardent… véritables fondamentaux de la musique du XXe siècle, encore que parmi les plus méconnus).


Ecouter Koechlin, c’est un peu laisser toutes ses références possibles de côté et se laisser entraîner vers l’inconnu, dans une musique qui n’est ni atonale, ni polytonale, ni debussyste, ni rousselienne, mais un peu tout cela en même temps. Et bien qu’elle ne ressemblent à rien de clairement identifiable ces successions non résolues d’accords dissonants et ces progressions harmoniques tortueuses dessinent un univers formidablement concret, pictural même, d’une pouvoir d’évocation poétique prodigieux. Il suffit d’écouter ici des pièces comme Sur la falaise, Soir d’été, Matin calme, pour prendre la mesure de cet art de paysagiste coloriste, que l’étrangeté du langage pratiqué préserve de tout banalité descriptive.


Le plaisir de la musique de Koechlin, surtout quand elle s’adresse non plus à l’orchestre mais à un instrument soliste, c’est aussi celui de l’absolue brièveté, de musiques cursives où dans une pièce de moins d’une minute on va trouver sur sa route une multitude de surprises et de décrochages subits qui rendant le parcours aventureux et passionnant. C’est la leçon de maîtrise donnée par exemple par les Quatre nouvelles Sonatines opus 87, dont le relatif dépouillement n’a de néo-classique que l’aspect superficiel (écouter l’étonnant Moderato, sans lenteur, qui ouvre la Sonatine N° 1, parcours en apparence banal quand on l’appréhende d’une oreille distraite, mais en réalité d’une extrême subtilité).


Avis de grande découverte, donc, pour une série de CD à surveiller de près, ce d’autant plus que Michael Korstick s’attelle à la tâche avec un louable souci de simplicité et de discrétion. L’écriture pianistique de Koechlin est semble-t-il difficile, avec beaucoup de lignes à clarifier et des accords géants qui défient l’anatomie normale d’une main, mais le plus beau compliment que l’on puisse faire au pianiste c’est on ne devine jamais ces difficultés en l’écoutant. La beauté du toucher et le jeu de pédale discret mais constant (il y apparemment beaucoup de résonances à tenir par ce moyen là, faute de suffisamment de doigts disponibles en même temps) donnent à l’ensemble un petit côté debussyste de bon aloi, que l’on retrouvait de façon moins accentuée dans le bel enregistrement des Sonatines par Christoph Keller (Accord), peut-être plus radicalement réussi encore. Mais ici c’est l’aspect encyclopédique du projet, incluant de surcroît quelques inédits (sur ce premier CD : un Andante quasi adagio de 1895), qui prime.


Signalons aussi une présentation exemplaire : bonnes notices d’introduction richement informatives, de surcroît impeccablement traduites, et aussi une iconographie de grande qualité (de magnifiques clichés de paysages en noir et blanc pris par Koechlin lui-même). Un disque à découvrir absolument, pour qui souhaite approfondir sa connaissance du piano français au-delà de Ravel et Debussy.


Laurent Barthel

 

 

 

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