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01/26/2009
Carl Philipp Emmanuel Bach : Les Sonates prussiennes, Wq 48 – Concerto pour piano Wq 26 H 430
Ana-Marija Markovina (piano), Kammerphilharmonie Berlin-Brandenburg, Frederico Longo (direction)
Enregistré en 2007 et 2008 – 72’
Genuin 87097 (distribué par DistrArt)






"Pré-mozartien", Carl Philipp Emmanuel, le second des fils musiciens de Bach? Assurément oui, parenté de style d’ailleurs non fortuite, et probablement même renversement erroné des perspectives. Le tout jeune Mozart n’a pas hésité, par exemple, à récupérer un Presto de son aîné pour l’inclure dans l’un de ses premiers essais concertants (le Concerto pour clavier K. 40) et Haydn a beaucoup subi également l’influence des œuvres pianistiques de C.P.E. Bach. C’est dire si l’on échappe ici à l’esthétique baroque pour rentrer dans un style très particulier, baptisé d’ailleurs Empfindsamkeit par C.P.E. Bach lui-même, avec tout l’élargissement du champ expressif que cela peut impliquer.


Dans cette optique, le choix d’un grand instrument moderne pour des œuvres pour clavier de la première moitié du XVIIIe siècle peut prêter à contestation. A fortiori quand, comme ici avec la pianiste croate Ana-Marija Markovina, le soliste utilise toutes les ressources de l'objet (un Bösendorfer impérial joué énergiquement et sans aucune économie de pédale forte). Mais au delà d’éventuelles arguties musicologiques, force est de constater que l’attention de l’auditeur est très bien captée, le faisant passer d’un statut de récepteur passif d’une Gebrauchmusik nivelée à un certain niveau d’insignifiance, en dépit d’apparentes aspérités harmoniques, à un stade de véritable découvreur d’une musique révélée avec tous ses détails d’architecture, en grandeur nature. L'instrument favori de C.P.E. Bach était le clavicorde, ravissant bibelot intimiste que l'on n'entend plus à cinq mètres. Soit. Et alors ?


A ce titre, suivre Ana-Marija Markovina dans les méandres des Sonates prussiennes Wq 48 (le plus souvent explorées, et fort bien, par des clavecinisites : Bob van Asperen, Aline Zylberach… mais ces CD ne sont plus faciles à dénicher) est une aventure passionnante, à un niveau de non-prévisibilité qui dépasse parfois celui des premiers opus beethoveniens. Si l’on est prêt à accepter que l’on n’est plus du tout ici dans un style galant, ni même sagement classique, la découverte est stimulante, voire, ce qui ne gâche rien, sans rien d’inconfortable.


En prime, le Concerto pour piano Wq 26 H 430, œuvre moins dense, s’écoute également avec intérêt. La comparaison avec les concertos de C.P.E. Bach enregistrés par ailleurs au kilomètre au clavecin (telle l’intégrale de Miklos Spanyi chez Bis) se révèle même cruelle, encore que l’on puisse rêver d’une approche pianistique plus allégée (telle celle d’un Murray Perahia) dans ce répertoire qui reste largement à défricher (près d’une cinquantaine de concertos au total).

En l’état, un disque « traditionnel », tel qu’on aurait pu l’enregistrer il y a trente ans voire davantage, mais qui n’est en rien à sous estimer, surtout pas quand il s’agit de ces Sonates prussiennes, partitions repères du XVIIIe siècle au même titre que les Sonates de Haydn et de Mozart.


Laurent Barthel

 

 

 

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