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01/14/2009
Franz Schubert : Quatuor n° 12 en ut mineur, D. 703 – Quintette à deux violoncelles en ut majeur, D. 956

Truls Mørk (violoncelle), Quatuor Artemis: Natalia Prischepenko, Gregor Sigl (violon), Friedemann Weigle (alto), Eckart Runge (violoncelle)
Enregistré dans les studios Teldex, Berlin (26-30 août 2007) – 62’50
Virgin Classics 50999 502113 2 6 – Notice trilingue de Volker Scherliess






Le Quatuor à cordes en ut mineur D. 703, considéré comme le douzième quatuor de Franz Schubert (1797-1828), également connu sous le nom de Quartettsatz (littéralement « mouvement de quatuor »), fut composé en décembre 1820. Du seul point de vue chronologique, il occupe donc une place à part, isolé qu’il est entre la période 1813-1816 qui vit Schubert composer la majorité de ses onze premiers quatuors, auxquels il convient d’ajouter le Mouvement de quatuor à cordes en ut mineur D. 103, et les années 1824-1826 qui virent naître ses trois derniers quatuors D. 804, D. 810 et D. 887. Mouvement unique (Allegro assai) suivi des premières mesures d’un Andante prometteur mais malheureusement inachevé, il s’agit d’une œuvre passionnante dotée d’une fébrilité communicative (les trémolos du début), aux accents tragiques parfois entrecoupés de quelques pauses empreintes d’une douce quiétude. Le Quatuor Artemis embrasse l’œuvre avec une vigueur de chaque instant : son interprétation ne connaît aucune baisse de tension et appréhende avec justesse la diversité des atmosphères suscitées par la partition.


Certaines pièces sont de véritables sommets qu’on ne gravit qu’après avoir mesuré avec attention l’effort requis et avoir déjà éprouvé ses forces dans des obstacles moins élevés… Tel doit être le cas du Quintette à deux violoncelles, chef-d’œuvre de la musique classique avant même d’être un chef-d’œuvre de la seule musique de chambre. Dans les décennies précédentes, rares étaient les quintettes faisant appel à deux violoncelles, hormis certaines compositions de Luigi Boccherini (1743-1805) ; généralement, le cinquième instrument sollicité était un second alto (on pense naturellement aux quintettes à cordes de Mozart). Ici, Franz Schubert innove totalement : non seulement en « rappelant » le violoncelle comme cinquième protagoniste mais, surtout, en donnant à sa composition une dimension jamais atteinte jusque-là. Œuvre crépusculaire (Schubert la compose en septembre 1828, quelques semaines avant sa mort), elle se caractérise avant tout par un parfait équilibre tant entre les interventions des différents instrumentistes qu’entre la technicité et la musicalité de la partition.


Le défi n’est donc pas mince pour le Quatuor Artemis puisqu’il doit faire face à une concurrence foisonnante qui a laissé des gravures, pour certaines, légendaires. Ensemble déjà ancien (il a été fondé en 1989), l’œuvre n’est pas pour lui une découverte. Il a en effet déjà eu l’opportunité de prouver ses affinités avec ce quintette (voir ici), David Geringas ayant, à l’occasion de ce concert, remplacé Truls Mørk, initialement prévu. La conception adoptée par les Artemis et le violoncelliste norvégien étonne dès le long (près de vingt minutes) Allegro ma non troppo : alors qu’on pouvait en attendre une tonalité nostalgique, le climat s’avère plutôt serein, voire bucolique… Le trait parfois affecté, notamment dans le jeu entre les deux violoncelles, les musiciens éprouvent quelque peine à avancer dans la partition, la recherche interprétative ayant tendance à devenir trop contemplative et à se muer en immobilisme. Le paradoxe est total lorsqu’on écoute l’Adagio dont il est vain de faire un quelconque commentaire, tant la page se suffit à elle-même pour illustrer ce que le génie musical a pu produire de plus beau… Le lyrisme de l’introduction, mêlé aux hésitations confiées au premier violon, a pu donner lieu à des interprétations où dominait une certaine angoisse, comme un regard porté sur sa vie passée, en faisant un bilan tantôt désabusé, tantôt attendri (c’est ce que l’on peut ressentir en écoutant par exemple le Quatuor Amadeus et Robert Cohen chez Deutsche Grammophon). Ici, de façon quelque peu brutale, place est de nouveau laissée à la quiétude. L’approche est néanmoins très convaincante grâce à des musiciens exemplaires, même si l’on peut déplorer que la prise de son ne donne une trop grande importance aux violoncelles par rapport aux trois autres instrumentistes. Si le Scherzo manque de rusticité, le Trio de ce troisième mouvement est, en revanche, empli de sérénité et trouve immédiatement le ton juste grâce à une respiration idéale. L’Allegretto est abordé assez modérément : rien de jovial ni de fantaisiste mais une danse simple, dont la délicatesse conclut agréablement un disque qui reste néanmoins en retrait par rapport à bien des gravures concurrentes.


Sébastien Gauthier

 

 

 

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