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07/18/2008
Georges Bizet : Symphonie en ut majeur – Jeux d’enfants, opus 22
Emmanuel Chabrier : Suite pastorale

Les Siècles, François-Xavier Roth (direction)
Enregistré à la Cité des Congrès de Nantes (janvier 2007) – 65’07
Mirare MIR 036 (distribué par Naïve) – Notice très soignée et trilingue (français, anglais, allemand) de Corinne Fonseca-Ioli





Curieux destin que celui de la Symphonie en ut majeur de Georges Bizet (1838-1875) ! Composée en 1855 (Bizet n’a alors que dix-sept ans…), elle tombe dans l’oubli jusqu’à ce que Jean Chantavoine (né en 1877 et mort en 1952, musicologue mais aussi journaliste, ne la découvre par hasard en 1933, dans les réserves de la bibliothèque du Conservatoire supérieur de musique de Paris, dont il fut secrétaire général, au sein d’un lot de manuscrits jadis donnés par Bizet à Reynaldo Hahn. Et voilà comment la Symphonie en ut majeur ne fut officiellement créée que le 26 février 1935, à Bâle, sous la direction de Félix Weintgartner !


Bien que ce soit le cas, qui peut aujourd’hui croire que Georges Bizet ne voyait dans cette symphonie qu’un exercice, une composition sans prétention alors qu’il s’agit d’un authentique chef-d’œuvre ? Même si certains y perçoivent l’influence de Mozart, Rossini ou Mendelssohn, voire celle de Haydn, cette symphonie rappelle surtout l’orchestration de Franz Schubert, notamment dans le splendide Adagio où le hautbois solo renvoie de façon inévitable à l’Andante con moto de la « Grande symphonie ». Devant pourtant compter avec une forte et talentueuse concurrence (Beecham, Martinon, Gardiner, Ozawa…), François-Xavier Roth en donne ici une interprétation magistrale, faisant preuve de talents de coloriste hors pair (aidé, il est vrai, par les timbres singuliers d’un orchestre jouant sur instruments dont la facture remonte à la seconde moitié du XIXe siècle). Servi par des musiciens enthousiastes de bout en bout, l’Allegro vivo privilégie les effets de surprise et l’attention portée aux moindres détails (écoutez les pizzicati des cordes accompagnant le chant de la flûte), faisant oublier la légère rigidité de certains passages.


A lui seul, l’Adagio est une merveille. Dominé par le chant lyrique du hautbois (la réussite du hautboïste Pascal Morvan étant digne de tous les éloges), il témoigne d’une incontestable modernité qui passe aussi bien par l’intervention des timbales que par certains accords (la flûte à la fin du mouvement) ou ruptures rythmiques qu’on avait alors peu l’habitude d’entendre. Le troisième mouvement, rustique sans être grossier, joue sur les contrastes de nuances et de tonalités (écoutez notamment le parallèle entre les accents provençaux des clarinettes et les interventions abruptes des violoncelles en milieu de mouvement) avant de conduire l’auditeur vers un Allegro vivace final, qui permet à l’orchestre de faire de nouveau montre d’une très grande technicité et d’une précision millimétrée.


Les deux autres œuvres au programme de ce disque ont en commun d’avoir initialement été composées pour le piano avant d’avoir fait l’objet d’une orchestration. Ainsi, la Suite pastorale d’Emmanuel Chabrier (1841-1894), créée en 1888 sous la direction du compositeur, est l’orchestration de quatre des Dix pièces pittoresques pour piano composées en 1881 (il s’agit des pièces n° 6, 7, 4 et 10). Se succèdent donc Idylle, Danse villageoise, Sous-bois et Scherzo-Valse. François-Xavier Roth dirige chacun des quatre mouvements avec un soin extrême apporté aux couleurs (le climat élégiaque d’Idylle ou nébuleux de Sous-bois) et une grande théâtralité fût-ce, peut-être, au détriment de l’atmosphère souhaitée par Chabrier si l’on s’en réfère aux « titres » qu’il a donnés à chaque séquence (notamment dans la Danse villageoise). Insistant tour à tour sur la délicatesse, la virtuosité ou la bonhomie d’une partition exceptionnellement riche, l’orchestre prend un plaisir jubilatoire à interpréter une œuvre qui, en bien des occasions, rappelle combien Emmanuel Chabrier était un compositeur inspiré qu’il serait dommage de cantonner au rang des musiciens anecdotiques.


Composés par Georges Bizet en septembre 1871 pour piano à quatre mains, les douze mouvements initiaux de Jeux d’enfants furent réduits à cinq dans le cadre d’une suite pour orchestre créée en mars 1873 sous la direction d’Edouard Colonne. La Marche (Trompette et tambour) ouvre cette suite orchestrale dans un chœur de trompettes et de flûte piccolo. La calme Berceuse (La Poupée) laisse ensuite place à une brève Toupie (Impromptu), la tranquillité du Duo «Petit mari, petite femme» précédant ensuite Le Bal (Galop), mouvement conclusif endiablé et virtuose. Les qualités précédemment soulignées de l’orchestre et du chef s’épanouissent de nouveau dans une partition où l’humour et la pantomime servent de véritable fil conducteur.


On ne peut donc que souligner l’excellence d’un disque dont l’acquisition s’impose pour qui souhaite découvrir sous son meilleur jour ce que peut être la musique française de la deuxième moitié du XIXème siècle.


Le site des Siècles


Sébastien Gauthier

 

 

 

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