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07/07/2008
Alexandre Scriabine : Sonates n° 4, opus 30, n° 5, opus 53, n° 8, opus 66, et n° 9, opus 68 – Poèmes opus 32, opus 69 et opus 71 – Vers la flamme, opus 72

Andrei Korobeinikov (piano)
Enregistré à la Ferme de Villefavard en Limousin (janvier 2008) – 63’30
Mirare MIR 061 – Notice de présentation en français, anglais et allemand





Le profil d’Andrei Korobeinikov ne manque pas d’étonner, surtout lorsque l’on sait que ce jeune pianiste (né en 1986) est titulaire d’un diplôme d’avocat (à l’issue d’études de droit commencées à 12 ans) et aurait même, d’après la notice de ce disque (où figure d’ailleurs un excellent texte d’Adélaïde de Place), publié «un certain nombre d’ouvrages juridiques se rapportant notamment au droit de la propriété intellectuelle». Premier prix du concours international Scriabine en 2004, on se réjouit de l’entendre dans un programme entièrement dédié à ce compositeur qu’on l’avait déjà entendu servir en concert (voir ici). Ce disque confirme l’impression de «génie précoce» que son parcours peut donner, tant sa solide technique paraît toujours mise au service d’un art de l’interprétation que l’on sent s’affirmer peu à peu.


Certes, il reste délicat, pour un Russe jouant Scriabine, de trouver sa place dans la lignée d’interprètes tels que Feinberg, Goldenweiser, Neuhaus, Sofronitsky, Horowitz, Richter ou Sokolov. En comparaison, on regrettera donc d’entendre un Scriabine souffrant parfois d’une certaine dureté de frappe, accentuée – il est vrai – par une prise de son réussie mais d’une résonance extrême. En pâtit notamment une Quatrième sonate (1903) à l’atmosphère peut-être trop gracieuse dans le premier mouvement et à la réalisation heurtée voire décousue dans le second, où Korobeinikov tente (sans réussir complètement) une approche «jazzy» marquée par d’occasionnelles chutes de tension. Ouvrant le disque, cette sonate ne reflète néanmoins pas la qualité d’une interprétation qui grandit à mesure que défilent les plages : on doit, en cela, rendre justice à la construction très fine du programme, dont l’équilibre est assuré par une série de Poèmes (1903-1913) qui encadrent intelligemment quatre sonates et permettent de composer un panorama cohérent et habile du style des dix dernières années de l’œuvre de Scriabine.


La Cinquième sonate (1908) témoigne d’une bonne gestion des transitions – si complexes à aborder chez ce compositeur – et d’un choix judicieux de tempos qui donne souvent le sentiment d’avoir affaire à une sorte de «Scarbo» russe. Très inspirée, sombre et sulfureuse, la Huitième sonate (1913) est appréhendée avec une belle énergie que l’on retrouve dans l’énigmatique Neuvième sonate (1913), «Poème satanique» ou «Messe noire» (Alexei Podgaetsky), dont la notice rappelle qu’elle reflétait, aux yeux de Scriabine, un «cauchemar peuplé de visions démoniaques» : le souffle, la souffrance, la suffocation même, transparaissent de l’interprétation d’Andrei Korobeinikov, qui parvient à prolonger son inspiration dans le souffre d’un Vers la flamme (1914) habité et globalement convaincant.


Le site d’Andrei Korobeinikov


Gilles d’Heyres

 

 

 

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