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06/01/2008
Gustav Mahler : Symphonie n° 1 en ré majeur « Titan »
London Symphony Orchestra, Valery Gergiev (direction)
Enregistré en public au Barbican, Londres (13 janvier 2008) – 52’42
LSO Live LSO0663 (distribué par Harmonia mundi) – Notice trilingue (anglais, français, allemand) de Stephen Johnson





A la fin du mois de mars 1888, Gustav Mahler annonce à ses parents qu’il vient d’achever sa Première Symphonie, esquissée dès 1885 : « je puis dire que, Dieu merci, elle est bien réussie. J’espère avoir fait là un grand pas en avant ». Créée en novembre 1889 à Budapest, l’œuvre ne prend le surnom de Titan qu’en octobre 1893, au moment ou le compositeur la dirige lors d’un concert donné à Hambourg. Se confrontant à une discographie pléthorique (on recense à ce jour plus de 200 enregistrements !) et de haute volée, Valery Gergiev donne ici une splendide version de cette œuvre, devenue l’une des plus populaires de Gustav Mahler.


Le premier mouvement (Langsam – Schleppend – Wie ein Naturlaut – Im Anfang sehr gemächlich) est totalement novateur pour l’époque. Si l’introduction orchestrale peut évoquer le début de certaines symphonies de Bruckner, la multitude et l’apparent désordre des thèmes qui lui succèdent (cloches, chants d’oiseaux...) conduisent l’auditeur dans un monde tour à tour orgiaque et inquiétant, joyeux et mélancolique. L’Orchestre symphonique de Londres est irréprochable, faisant preuve d’une séduction (le passage confié aux violoncelles accompagnés des harpes et des clarinettes au milieu du mouvement !) et d’une virtuosité absolues, qu’il s’agisse du jeu d’ensemble ou des interventions solistes. Une petite réserve peut néanmoins être apportée à la prise de son qui, en ayant choisi de placer des micros très près de certains instruments (la clarinette basse, les timbales à la fin du mouvement), les fait ressortir de façon très particulière au détriment de l’équilibre général.


Le deuxième mouvement (Kräftig bewegt, doch nicht zu schnell – Trio. Recht gemächlich) est un ländler (valse paysanne) dont l’atmosphère renvoie inévitablement au folklore autrichien. Conduisant un orchestre toujours aussi somptueux, Gergiev étonne. Alors qu’on pouvait légitimement s’attendre à des emportements voire à certaines ruptures brusquement menées, celui-ci adopte au contraire une conception très retenue. Alors que la danse évoquée devrait être teintée d’une certaine grossièreté, on entend une interprétation excessivement sage qui relègue le moindre accent de rusticité derrière une mise en place millimétrée où le bon goût est de mise, notamment chez la clarinette en mi bémol ou les hautbois. On est loin des géniales fantaisies d’un Bernstein, d’un Neumann ou d’un Ancerl !


Le troisième mouvement (Feierlich und gemessen, ohne zu schleppen) est une marche funèbre dont le thème initial renvoie à Frère Jacques. Ce mouvement, le plus révolutionnaire de la symphonie comme l’avaient perçu les auditeurs de l’époque, est le sommet de ce disque. L’Orchestre symphonique de Londres est superlatif à tous points de vue, Gergiev portant une attention toute particulière à la diversité des climats qui rendent cette marche si riche et si séduisante.


Le quatrième mouvement (Stürmisch bewegt) éclate comme une bombe. La plus grande douceur que Mahler puisse confier aux cordes succède à la violence initiale de ce finale qui – le compositeur l’a lui-même narré dans sa correspondance – lui a causé tant de soucis en termes de composition. La démonstration orchestrale nécessitée par la multiplication tant des ruptures rythmiques et mélodiques que des interventions instrumentales est totalement accomplie. L’orchestre, toujours superlatif, trouve en Valery Gergiev un véritable maître d’œuvre : l’écoute portée aux différents pupitres est palpable à chaque instant, les transitions sont magnifiquement gérées ce qui permet au désordre objectif de la partition de trouver une véritable cohérence. Gergiev signe là une version de très grande valeur qui, sans détrôner les versions majeures de la discographie, atteint l’excellence et s’avère des plus recommandables.


Sébastien Gauthier

 

 

 

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