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05/05/2008
Gustav Mahler : Rückert-Lieder (transcription Christian Favre)
Richard Wagner : Prélude et Mort d’Isolde (extraits de «Tristan und Isolde») – Wesendonck-Lieder (transcriptions Christian Favre)

Felicity Lott (soprano), Quatuor Schumann : Tedi Papavrami (violon), Christoph Schiller (alto), François Guye (violoncelle), Christian Favre (piano)
Enregistré à La Chaux-de-Fonds (juin 2007) – 53’25
Æon AECD 0858 (distribué par Harmonia mundi)





En phase avec une tendance de plus en plus marquée, ce disque présente trois œuvres majeures du répertoire dans une version pour soprano accompagnée d’un quatuor avec piano. Auteur de ces transcriptions, Christian Favre – par ailleurs lui-même pianiste – s’y révèle fort convaincant, davantage peut-être dans un Wagner très chaleureux et toujours juste de ton que dans Mahler, où la transcription semble parfois perdre le mordant mahlérien au profit d’une surexposition de la mélodie et d’un accompagnement qu’on pourrait soupçonner de verser dans le sentimentalisme charmant. Dans les Wesendonck-Lieder surtout (admirable travail sur Im Treibhaus), cette version de chambre apparaît comme un intelligent compromis entre la radicalité de l’accompagnement du piano seul et l’opulence de la version avec orchestre, toutes deux si difficiles à négocier pour les cantatrices. On soulignera également que, porté par le très beau violon de Tedi Papavrami, le Quatuor Schumann convainc dans un Prélude de Tristan et Isolde intime et touchant, grâce au sobre et respectueux arrangement instrumental de Christian Favre.


Touchante de bout en bout, Felicity Lott charme par ce mélange de pureté et de tristesse que sa voix chaude et voluptueuse inspire. Ainsi ses Rückert-Lieder, auxquels elle semble de plus en plus revenir ces derniers temps (voir ici, ici ou encore ici), séduisent-ils par une ligne vocale très riche (Ich bin der Welt abhanden gekommen) et une musicalité jamais prise en défaut… même si «Flott» se retrouve poussée dans ses derniers retranchements avec Um Mitternacht (plutôt laborieux et qui ne colle pas vraiment à sa couleur vocale).


Comme une Feldmarschallin qui se remémorerait, dans une grande chambre straussienne, ses amours pour Mahler ou Wagner, on se figure très bien Dame Felicity Lott récitant les Wesendonck-Lieder pour elle-même, l’accompagnement instrumental fonctionnant souvent comme un écho. Et c’est là, tout à la fois, la vertu et la limite de ce disque, qui n’est qu’une image, un horizon, tel celui que contemple la cantatrice anglaise photographiée de dos sur la pochette, légèrement appuyée sur une balustrade surplombant l’immensité de la mer et cherchant au loin son Tristan disparu. Très belle image d’ailleurs (comme l’est son «ertrinken, versinken – unbewusst – höchste Lust !» final). Mais imagine-t-on vraiment Felicity Lott livrer sur scène Isolde en entier pour parvenir à ce chant d’amour et de mort ?


Voici donc un «disque de chambre», merveilleusement agréable à écouter, mais à ne pas mettre entre les oreilles de ceux qui ne connaîtraient pas les versions originales des chefs-d’œuvre ainsi réadaptés, tant en raison de l’absence (incompréhensible) du texte des lieder dans le livret que parce qu’il doit être appréhendé, d’abord et avant tout, comme un hommage. Un émouvant hommage, dont la pochette indique fort discrètement qu’il est rendu au regretté chef d’orchestre suisse Armin Jordan.


Le site de Felicity Lott
Le site de Tedi Papavrami


Gilles d’Heyres

 

 

 

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