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04/27/2008
Airs extraits de Faust et de Roméo et Juliette de Gounod, d’Hérodiade, de Manon et de Thaïs de Masssenet, de Lakmé de Delibes, de Vasco de Gama et des Pêcheurs de perles de Bizet, de L’Enfant prodigue et de Rodrigue et Chimène de Debussy, du Roi d’Ys de Lalo et du Roi Arthus de Chausson
Nathalie Manfrino (soprano), Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, Emmanuel Vuillaume (direction)
Enregistré à Monte-Carlo en juillet 2007 – 77’02
Decca 480 0659 – Présentation trilingue, textes en français


Finaliste du concours Plácido Domingo en 2001, lauréate de Voix nouvelles en 2002, Nathalie Manfrino a été révélée au grand public par Cyrano de Bergerac d’Alfano avec Roberto Alagna l’année suivante, avant d’être sacrée Révélation lyrique aux Victoires de la musique 2005. Deux ans après, Decca lui offrait un récital, fort bien orchestré médiatiquement, un privilège que doivent lui envier plusieurs de ses consœurs et confrères.
Ce récital n’en commence pas moins par une aberration : l’Air des bijoux de Faust ne succède pas à la Ballade du roi de Thulé, ce qui se peut concevoir aux Victoires de la musique, mais pas ici, d’autant plus que Nathalie Manfrino connaît bien le rôle de Marguerite. On mesure en tout cas d’emblée les lacunes et les atouts de la jeune chanteuse : d’un côté, un timbre parfois légèrement métallique, un vibrato un peu trop large, un manque de légèreté dans l’émission, de l’autre, des registres bien soudés, de réelles affinités avec le style français, malgré une articulation très moyenne, un authentique tempérament dramatique. Si l’air de Salomé d'Hérodiade, où il faut une voix plus corsée, suscite une meilleure impression, l’Adieu à la petite table de Manon laisse ensuite l’auditeur sur sa faim : alors qu’il faut le chanter comme une mélodie et y annoncer Mélisande, il y entendra plutôt un air d’opéra. Les adieux de Lakmé à Gérald satisfont davantage, par la qualité de leurs nuances, jusque dans l’aigu, ainsi que par la fraîcheur presque enfantine de l’héroïne qui faisait défaut dans Manon – il est vrai que Delibes, ici, se situe davantage du côté de l’opéra. Le grand air de Thaïs, où elle se révèle assez sensuelle malgré un contre- final laborieux, nous montre ensuite que la jeune chanteuse s’identifie avec plus de bonheur aux héroïnes mûres, comme la courtisane lassée de ses plaisirs et interrogeant son miroir. Le peu fréquenté « La marguerite a fermé sa corolle » du rare Vasco de Gama de Bizet séduit au contraire par le panache qu’elle y met.


La Valse de Juliette confirme le manque de légèreté perçu dans l’Air des bijoux, et installe un sentiment de monotonie : on ne sent pas une différence marquée, à travers cet enchaînement d’airs, entre les personnages – écueil que n’avait pas évité le récital italien de Natalie Dessay, pourtant beaucoup plus aguerrie. Le douloureux « Elles se cachaient » de Faust, par exemple, ne se chante pas comme « Adieu, notre petite table » de Manon : un air d’opéra est avant tout le moment d’un itinéraire intérieur. Or on cherche en vain ici ce qui distingue Manon et Marguerite. S’agissant de Manon, les airs du Cours la Reine sont fort bien chantés, n’était une tendance, repérée ailleurs, à forcer les aigus, mais ne sont pas vraiment différenciés, alors que la Gavotte dit autre chose que « Suis-je gentille ainsi ». Il n’y a guère à dire de la Rozenn du Roi d’Ys ou de la Leila des Pêcheurs de perles, bien en place, mais nous la préférons finalement dans la Chimène de Rodrigue et Chimène de Debussy ou dans la Guinèvre du Roi Arthus, où son tempérament peut davantage s’exprimer, où le vibrato gêne moins. Bref, ce premier récital constitue un essai à transformer et pose une question cruciale, capitale pour la suite de sa prometteuse carrière, celle du vrai répertoire de Nathalie Manfrino. Emmanuel Vuillaume l’accompagne d’une baguette plus scrupuleuse qu’inspirée.


Didier van Moere

 

 

 

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