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02/23/2008
Ludwig van Beethoven : Sonates pour piano n°8 «Pathétique», opus 13, n°15 «Pastorale», opus 28, n°27, opus 90, et n°30, opus 109
Jonathan Biss (piano)
Enregistré à Londres, 22-25 avril 2007 – 73’16
EMI 0946 3 94422 2 5 – Notice trilingue du pianiste





Né en 1980, déjà engagé dans une carrière prometteuse, Jonathan Biss n’a pas les insolences iconoclastes de la jeunesse. Il préfère l’équilibre, c’est un pianiste du juste milieu. Dans l’Allegro initial de la Pathétique, plus volubile qu’éruptif, il garde la main. L’Adagio s’inscrit dans l’héritage du classicisme viennois plus qu’il n’anticipe sur les angoisses du titan. Quant au Rondo final, il vise d’abord à la légèreté, avec une main gauche qui chante. Si certains préféreront un Beethoven plus sanguin, reconnaissons que le pianiste n’a peut-être pas tort de ne pas jouer cette «Pathétique» comme la «Hammerklavier». Cela dit, on peut penser qu’une telle approche sied mieux à la «Pastorale». Il en anime d’abord l’Allegro, qui pourrait être statique, grâce à un sens certain de la pulsation. L’Andante sonne clair, avec de jolis staccatos à la main gauche, manquant seulement un peu d’imagination. L’humour déserte également le Scherzo, pourtant léger à souhait, dont le Trio confirme la qualité de la main gauche. C’est bien en tout cas une pastorale que suggère le Rondo conclusif, idylle souriante sans le moindre excès de poids, ni trop verte ni trop policée, couronnée par un Più allegro tourbillonnant très légèrement. La Vingt-Septième Sonate convient-elle tout autant à Jonathan Biss ? Sans aucun doute pour le Rondo, très «gemütlich» même s’il pourrait être plus coloré, tandis que l’Allegro gagnerait à jouer davantage sur les contrastes et sur les silences – il est beaucoup plus dramatique qu’il n’y paraît. La Trentième Sonate, enfin, rejoint la «Pathétique» : rien n’y pèse ou n’y pose. Le pianiste refuse d’y mettre trop d’urgence ou de tension, comme si Beethoven y retrouvait une sorte de fraîcheur. Il donne du coup l’impression d’une humilité devant la musique, qu’il veut avant tout rendre lisible, presque transparente, avec un Prestissimo fiévreux où les doigts glissent sur les touches. Dans les Variations, très construites, les deux mains se répondent ou semblent ne faire qu’une, baignant parfois dans un halo de lumière : Beethoven y rejoint à la fois Bach et Haydn plutôt qu’il n’annonce ses propres héritiers.


On peut penser que tout cela mûrira avec le temps, que les couleurs s’enrichiront, que l’interprétation, d’une Sonate à l’autre, sera plus différenciée, que Jonathan Biss approchera davantage le côté «exigeant, provocateur» de Beethoven, l’«humanité» et la «grandeur presque impossible» qu’il évoque lui-même dans sa présentation. Ce disque confirme en tout cas avec bonheur ce que son récital Schumann laissait augurer.


Didier van Moere

 

 

 

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