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12/31/2007
Clara Schumann : intégrale de l’œuvre pour piano
Suzanne Grützmann (piano)
Enregistré à Berlin (octobre 1995) – 234’51
Quatre disques Hänssler Profil PH 07065 – Présentation en allemand et en anglais (distribués par Intégral)


Elle est vraiment douée, la petite Clara Wieck : à dix ans, en 1829, elle commence à trousser, en guise d’opus 1, quatre jolies Polonaises, avant de commettre, pour son opus 2, de charmants Caprices en forme de valse. Un peu plus tard, les Quatre Pièces caractéristiques op. 5 montrent un don pour ces évocations pittoresques dont l’époque raffole, avec notamment un pétillant « Caprice à la Boléro ». Mendelssohn est tout près, comme dans les Soirées musicales op. 6, où mademoiselle révèle sa connaissance intime de Chopin : sur six morceaux, un nocturne, une ballade, deux mazurkas et une polonaise… Il faut bien aussi qu’elle s’adonne à des variations sur un air d’opéra connu : ce seront les Variations de concert pour le pianoforte sur la cavatine du Pirate de Bellini op. 8, précédant d’un an le Souvenir de Vienne op. 9 – variations assez brillantes sur l’hymne impérial autrichien. Presque partout, on sent l’ami Mendelssohn, comme dans les Quatre Pièces fugitives op. 15.


Et Schumann, dira-t-on ? Il est évidemment là lui aussi, avec ces thèmes qu’on repère dans les œuvres de l’un et de l’autre, avec une parenté stylistique aussi. Mais les Romances op. 11 de Madame ne sont pas celles, quasi contemporaines, de Monsieur. Il faudrait écouter ce que chacun compose au même moment : on y verrait comment le couple communie dans la musique, notamment quand l’un et l’autre, étudiant les subtilités du contrepoint chez Bach, écrivent, elle Trois Préludes et fugues op. 16, lui Quatre Fugues op. 72. Cela dit, il est vrai qu’elle compose moins après son mariage, pour des raisons tenant à la fois à la vie du couple et à sa carrière de pianiste internationale. Pourtant, elle a beau rester souvent silencieuse, la compositrice mûrit : les Trois Romances op. 21 de 1853, dédiées à Brahms, sont d’une légèreté pleine de profondeur ; la Romance en si mineur de 1856, postérieure à la mort de l’époux, jette les derniers feux d’un tempérament passionné, qui s’éteignent dans une sorte de résignation crépusculaire. Elle est dédiée à Brahms, bien présent dans ces deux derniers opus, comme un « témoignage de reconnaissance » - où certains voient tout autre chose. Madame Schumann vivra encore quarante ans, jusqu’en 1896.


Tout cela vaut donc la peine d’être écouté, pour différentes raisons, même si Clara n’a pas le génie de Robert. Pas seulement parce qu’elle est madame Schumann. Pour elle-même aussi. Susanne Grützmann joue avec une grande probité et une sensibilité certaine, notamment les œuvres légères, qu’elle ne leste pas d’intentions excessives. On lui reprochera cependant parfois une certaine neutralité, une réserve un peu trop grande : ce genre de morceau demande toujours à être réinventé. Mais ne boudons pas notre plaisir de disposer enfin d’une intégrale du piano de Clara.


Didier van Moere

 

 

 

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