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08/13/2007
Claude Debussy : Trio avec piano – Prélude de «La Damoiselle élue» (transcription Léon Roques) – Il pleure dans mon cœur (transcription Arthur Hartmann) – Printemps (transcription Roger Branga)
Lili Boulanger : D’un soir triste – D’un matin de printemps – Nocturne – Cortège – D’un vieux jardin – D’un jardin clair
Trio George Sand: Virginie Buscail (violon), Nadine Pierre (violoncelle), Anne-Lise Gastaldi (piano)
Enregistré à Troyes (4-6 novembre 2006) – 62’04
Intégral INT 221.155
Formé de deux musiciennes solistes de l’Orchestre philharmonique de Radio France et d’une enseignante au CNR de Paris, le Trio George Sand pousse la veine féministe, au-delà de son nom, jusqu’à promouvoir la trop rare Lili Boulanger (1893-1918). Mais il serait injuste de réduire sa démarche à cette seule préoccupation, car c’est surtout le souci de concevoir un programme sortant des sentiers battus qui anime ce disque, éclairé par une intéressante notice (en français et en anglais) de Bertrand Schiro.
Associer Debussy à la première femme à avoir remporté le prix de Rome ne paraît certes pas original. Mais le rapprochement est parfaitement logique, compte tenu de l’influence exercée par le compositeur de Pelléas, lui-même pensionnaire à la Villa Médicis (dans la même chambre) près de vingt ans plus tôt. Et, même si les souvenirs de leur séjour romain sont contrastés, entre l’ironie féroce de Debussy et l’enthousiasme de Boulanger, cet enregistrement regroupe, pour l’essentiel, des pièces contemporaines de leurs années passées à l’Académie de France.
Ce n’est pas le cas du Trio (1880), bien qu’écrit en Italie quelques années plus tôt: occupant plus du tiers de l’album, cette relative rareté demeure toutefois un champ d’exploration captivant pour l’auditeur en quête des prémices du futur Debussy – tout au plus celui des Arabesques ou de la Suite bergamasque. Les témoignages des «envois» du pensionnaire sont aussi brefs qu’inattendus: adaptations, respectivement pour violon et piano et pour trio, du Prélude de La Damoiselle élue (1887) et d’un extrait de Printemps (1887).
Autre adaptation pour violon et piano, celle d’Il pleure dans mon cœur, deuxième des six Ariettes oubliées (1887): Debussy a alors vingt-cinq ans, âge que n’atteindra pas Lili Boulanger, qui disparaît dix jours avant lui... Le Trio George Sand se fait ensemble à géométrie variable pour donner trois diptyques comprenant chacun des pièces de caractère opposé: comme, à la même époque, dans Par landes et Par grèves de Le Flem, à une page sombre succède une page lumineuse. Pour piano seul, Nocturne (1911) trouve ainsi son pendant dans Cortège (1914); il en va de même pour D’un vieux jardin et D’un jardin clair (1914) pour violon et piano.
Plus développés, D’un soir triste et D’un matin de printemps (1917-1918) sont aussi (relativement) plus connus, mais dans leur version orchestrale: ils sont ici présentés dans leur version «originale», pour trio avec piano, récemment éditée chez Durand avec le soutien de la Fondation internationale Nadia et Lili Boulanger. Ces nouveaux atours instrumentaux n’ôtent rien à cette musique très éloignée de la langueur fin de siècle du premier Debussy, plus particulièrement dans D’un soir triste, à la dense mélancolie et aux harmonies semblant tracer un arc entre Fauré et Messiaen.
Le site de la Fondation internationale Nadia et Lili Boulanger
Simon Corley
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