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08/07/2007
My personal Handel Collection
George Frideric Handel : Airs tirés d'Alcina, Hercules, Solomon, Giulio Cesare
Lynne Dawson (soprano), Lautten Compagney, Wolfgang Katschner (direction)
Enregistré à Berlin (décembre 2002) – 73'59
Berlin Classics 0017572BC (distribué par Intégral)


Voyage à Paris
Mélodies de Poulenc, Hahn, Chausson, Fauré…

Lynne Dawson (soprano), Julius Drake (piano)
Enregistré à Berlin (octobre 2004) – 61'46
Berlin Classics 0017582BC (distribué par Intégral)


Quand on pense à Lynne Dawson, le nom de Haendel vient immédiatement à l'esprit tant elle a marqué ce compositeur. En 2002, elle grave un disque entièrement consacré à des airs d'opéras et d'oratorios de Haendel (Alcina, Amadigi, Theodora,…), reprenant ainsi des rôles où elle a connu beaucoup de succès. La voix de la chanteuse est idéale pour cette musique: elle possède un timbre lumineux ainsi qu'une grande agilité vocale qui lui permet d'aborder les vocalises avec une intelligence musicale. Il ne s'agit pas pour elle de faire des gammes brillantes sans fin alla Bartoli, mais de caractériser le personnage à travers ces vocalises. Sa voix d'une pureté remarquable, qu'elle sombre parfois pour souligner la douleur du personnage (Hercules, plage 2, Theodora plage 10), apporte toujours une fraîcheur aux héroïnes qu'elle incarne. Alcina, par exemple, dans « Di, cor mio » n'est pas seulement réduite à l'image d'une mauvaise magicienne, elle est également présentée comme une femme sincèrement amoureuse.


Lynne Dawson fait preuve d'une grande souplesse vocale comme en témoigne le « Volate amori » d'Ariodante, opéra déjà enregistré sous la direction de Marc Minkowski: ses vocalises sont impeccables, habitées. La voix de la chanteuse est fine et précise: elle chante magnifiquement l'air de Maddalena de La Resurrezione « Ho un non so che nel cor » qui comporte beaucoup de notes piquées, qu'exécute parfaitement Lynne Dawson tout en y ajoutant une pointe d'élégance.


Dans ce récital, la soprano laisse une large place à son personnage-fétiche et son plus grand triomphe, à savoir la reine Cléopâtre. On comprend l'enthousiasme du public à l'écoute de son poignant « Piangero ». Dès les premières notes, Cléopâtre est sombre, tourmentée et tous ces sentiments transparaissent dans l'interprétation de Lynne Dawson. Le chant semble s'affaiblir sous le coup de la douleur pour retrouver, au cours de l'air, suffisamment d'énergie pour laisser éclater la colère dans la seconde partie. Le « V'adoro » est également très bien mené, avec un surperbe crescendo sur les premières phrases. On retiendra également la grande scène d'Arianna in Creta, où Lynne Dawson se montre très émouvante à travers les nombreux « Incerto » qui ponctuent l'air. A noter la grande qualité d'Ulrike Paetz, à la viole, qui souligne les intentions musicales de la chanteuse.


L'orchestre de Wolfgang Katschner, Lautten Compagney, est un bon soutien. Il restitue bien le style haendelien en insufflant une bonne dynamique à l'ensemble des airs.



Comme beaucoup de chanteurs anglais (Felicity Lott en tête), Lynne Dawson est fascinée par la musique française et plus particulièrement par la mélodie. Dans cet enregistrement, elle a rassemblé un florilège des plus célèbres mélodies de Poulenc, Fauré, Chausson, Hahn et Chabrier. La soprano les interprète avec un raffinement et une élégance qui ne tombent jamais dans l'affectation. Elle chante toutes ces œuvres avec simplicité et naturel, sans jamais oublier que tout l'art de la mélodie réside dans le fait de raconter une histoire avec le plus de crédibilité possible. Elle met les mots en relief (malgré une prononciation approximative) avec des respirations, des accents comme dans La Dame d'André de Poulenc où elle marque l'angoisse du personnage avec des respirations sur le début des phrases. Lynne Dawson possède une réelle sensibilité musicale. C'est sur un fil qu'elle distille Hôtel ou bien Les Chemins de l'amour de Poulenc: dans cette dernière mélodie, la reprise en mezza voce sur un tempo extrêment lent est absolument magnifique. On retrouve la chanteuse baroque dans A Chloris de R. Hahn qu'elle interprète véritablement comme un air baroque: retenue sur les notes, trilles, voix blanche, … Son disque n'est ni ennuyeux, ni rébarbatif, comme c'est parfois le cas de certains récitals de mélodies. Elle sait alterner mélodie vive et mélodie sérieuse. La Villanelle des petits canards de Chabrier est chanté avec goût et humour ainsi que Nous voulons une petite sœur de Poulenc.


Julius Drake, comme toujours, est un accompagnateur idéal. Les deux artistes donnent vraiment l'impression de faire de la musique ensemble, ils s'attendent mutuellement, respirent en même temps.


Ces deux disques illustrent deux pendants de l'art de Lynne Dawson. Si l'on reste dans le répertoire assez classique et habituel de la chanteuse avec les airs de Haendel, on découvrira une diseuse, quelqu'un qui raconte très bien une histoire dans le superbe voyage à Paris qu'elle nous propose.


Manon Ardouin

 

 

 

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