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Modèle d’équilibre

Paris
Philharmonie
04/14/2017 -  et 8 (Frankfurt am Main), 10 (Barcelona), 12 (Gdansk), 15 (Budapest) avril 2017
Johann Sebastian Bach : Matthäus-Passion, BWV 244
Julian Prégardien (Evangéliste), Johannes Weisser (Christ), Sunhae Im, Julian Anja Petersen (sopranos), Kristina Hammarström, Benno Schachtner (altos), Minsub Hong (ténor), Jonathan de la Paz Zaens (basse)
RIAS Kammerchor, Akademie für Alte Musik Berlin, René Jacobs (direction)


R. Jacobs (© Molina Visuals)


Après en avoir été mainte et mainte fois l’altiste, notamment dans les enregistrements de Gustav Leonhardt et de Philippe Herreweghe, et trois ans après l’avoir enregistrée avec la même excellente Académie de musique ancienne de Berlin, René Jacobs vient de diriger la Passion selon saint Matthieu le soir du Vendredi-Saint dans la grande salle de la Philharmonie de Paris. Un modèle d’équilibre et des choix musicologiques convaincants.


Et ce fut un grand moment car Jacobs a une manière tout à fait personnelle de porter l’œuvre. Ni trop théâtralisée, ni trop contemplative. Les tempi sont généralement larges, laissant aux chanteurs leur propre respiration (sauf peut être dans «Ich will dir mein Herz schenken», où le soprano coréen Sunhae Im, seule erreur de distribution de ce concert, cherchait à la fois son rythme et son timbre).


Comme chaque chef désormais, Jacobs interprète librement les théories de Rifkin concernant l’équilibre des pupitres, les chœurs (celui d’enfants passe à la trappe) et la répartition des airs. On ne jouera pas les Beckmesser: seul le résultat compte et autant l’émotion que la vérité dramatique étaient présents. Si la distribution était très équilibrée, il faut souligner que Julian Prégardien, que l’on avait découvert il y a juste un an à Versailles avec Raphaël Pichon et l’Ensemble Pygmalion, dominait très largement l’ensemble. Autant comme leader du Chœur I, très restreint, que comme Evangéliste et aussi dans les airs de ténor qu’on lui a attribués, particulièrement celui du Jardin des Oliviers, ce jeune ténor met une voix puissante, un timbre d’une rare beauté et rare tout court dans ce rôle que s’approprient volontiers les ténors sans timbre, au service de la vérité dramatique du récit. Très convaincant aussi le baryton danois Johannes Weisser qui interprétait Jésus, et aussi avec plus de force dramatique que de qualité de basse «Mache dich mein Herze rein» qui lui avait été attribué. Très remarquable et aussi une belle découverte, l’altiste allemand Benno Schachtner, magnifiquement éloquent et émouvant dans «Buss und Reu» et surtout «Erbarme Dich». L’alto Kristina Hammarström, la basse Jonathan de la Paz Zaens et l’autre ténor Minsub Hong, soutenant le Chœur II, eurent aussi des interventions remarquables dans leurs airs.


Mais encore plus exceptionnelle était la qualité d’ensemble et de chaque instrumentiste de l’Académie de musique ancienne de Berlin dont on ne sait s’il faut d’avantage louer les vents (trois remarquables solistes passant avec une aisance inouïe de la flûte traversière aux hautbois da caccia), de la luthiste, de la gambiste et des magnifiques cordes. Il faut aussi souligner que l’acoustique très propice de la salle permettait d’entendre des détails qui passent souvent à la trappe – ne citons que l’ahurissant continuo d’orgue dans «Können Tränen», que l’on entendait chanter aussi clairement pour la première fois.



Olivier Brunel

 

 

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