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«Les notes donnent vie au texte (*)»

Versailles
Chapelle royale
03/25/2016 -  et 23 (Dijon), 24 (Köln), 26* (Versailles), 29, 30 (Bordeaux) mars 2016
Johann Sebastian Bach : Matthäus-Passion, BWV 244
Johann Kuhnau : Tristis est anima mea
Jacob Handl (Gallus) : Ecce quomodo moritur

Julian Prégardien (Evangéliste), Stéphane Degout (Jésus, basse I), Christian Immler (Pilate, basse II), Sabine Devieilhe (soprano I), Maïlys de Villoutreys (soprano II), Damien Guillon (alto I), Lucile Richardot (alto II), Samuel Boden (ténor I), Thomas Hobbs (ténor II), Virgile Ancely, Geoffroy Buffière (Pontifex I & II)
Maîtrise de Paris, Ensemble Pygmalion, Raphaël Pichon (direction)


R. Pichon (© Etienne Gautier)


Pour fêter ses dix ans, l’Ensemble Pygmalion s’offre et nous offre la Passion selon saint Matthieu à Dijon, Cologne et Bordeaux en passant par Versailles pour la fin de la Semaine Sainte.


Les Passion selon saint Matthieu se suivent et ne se ressemblent pas. On aura pu entendre en une semaine trois versions très différentes de ce sublime monument de la musique occidentale. Au Concertgebouw d’Amsterdam, un concert exemplaire avec l’orchestre maison, des solistes choisis mais totalement inerte dramatiquement sous la direction d’Ivor Bolton (voir ici). A Paris et Bruxelles, c’est John Eliot Gardiner qui en a livré une version plus intériorisée, extrêmement soignée pour les détails, vivante et très émouvante dans le contexte bruxellois (on peut en écouter la retransmission ici). Celle dirigée par Raphaël Pichon dans la bonne acoustique de la Chapelle royale du Château de Versailles, pleine à craquer deux soirs de suite, était la plus théâtrale, la plus dramatique, la plus passionnelle enfin des trois.


On peut discuter à l’envi les options choisies par les interprètes. Celles de Pichon étaient les suivantes: faire précéder les deux parties de la Passion par deux motets a cappella de deux autres compositeurs, Tristis est anima mea de Johann Kuhnau (1660-1722), prédécesseur de Bach au poste de Cantor de Leipzig, et Ecce qui modo moritur de Jacob Handl Gallus (1550-1591), compositeur de la Contre-Réforme en Bohême. Ces deux œuvres faisaient partie du rituel de la liturgie des vêpres du Vendredi Saint dans les principales églises de Leipzig du temps de Bach.


Les effectifs étaient assez importants avec double orchestre, deux orgues, un clavecin, double chœur, celui des enfants réduit à sa plus simple expression, de nombreux solistes issus du chœur mais aussi contre-ténor, ténor, soprano en plus de Jésus (aussi basse 1) et de l’Evangéliste. Tout ce monde était un peu à l’étroit dans le chœur de la Chapelle royale, obligeant les solistes vocaux et instrumentaux à certains déplacements qui ajoutaient à l’effet théâtral.


On laissera aux musicologues le soin de commenter ces faits, seul compte le résultat: ce qu’a offert Raphaël Pichon était investi d’une grande force spirituelle autant que théâtrale. Chaque petit épisode de cette histoire dramatique avait un relief indéniable et la grande fresque se déroulait sans rupture de rythme dramatique. Les tempi choisis par Raphaël Pichon toujours rapides ajoutaient à cette urgence dramatique autant que l’investissement des solistes. Julian Prégardien est un Evangéliste de grande classe, capable aussi de chanter magnifiquement, changement de dernière minute, l’air «Ich will bei meinem Jesu wachen». Stéphane Degout est un Christ très humain sans la distance que certains barytons semblent vouloir y mettre. Les deux airs de basse qui lui ont été dévolus étaient des moments de grande gravité. Magnifiques interventions de Sabine Devieilhe, du contre-ténor Damien Guillon mais aussi de la mezzo-soprano du Chœur Pygmalion, Lucile Richardot, qui se partageaient les airs d’alto. Mais le grand vainqueur de cette Passion a été le Chœur Pygmalion, toujours juste, projetant magnifiquement dans la grande Chapelle, constitué manifestement de grandes individualités mais sachant se fondre en un ensemble cohérent et discipliné.


(*) «Die Noten machen den Text lebendig», Martin Luther (Luthers Werke: Kritische Gesamtausgabe, volume 2, p. 548).


Le concert en intégralité sur le site Culturebox:







Olivier Brunel

 

 

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