About us / Contact

The Classical Music Network

Montpellier

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Autour de Casella

Montpellier
Le Corum (Salle Pasteur)
07/23/2014 -  
Claude Debussy: Prélude à l’après-midi d’un faune
Alfredo Casella: Concerto pour violoncelle, opus 58 – Pagine di guerra, opus 25 bis
Serge Rachmaninov: Danses symphoniques, opus 45


Enrico Dindo (violoncelle)
Orchestre national de France, Gianandrea Noseda (direction)


G. Noseda (© Sussie Ahlburg)


Pour le festival de Radio France et Montpellier Languedoc-Roussillon, l’Orchestre national de France, qui célèbre, cette année, les quatre-vingts ans de sa fondation, a préparé deux programmes qui s’inscrivent peu ou prou dans le cadre d’une des trois thématiques de cette vingt-neuvième édition : «Autour de 1914». Le premier, exécuté le 16 juillet, comportait une œuvre composée par une victime de la Première Guerre mondiale, Rudi Stephan, mort sur le front en 1915, le second, une semaine plus tard, deux compositions d’Alfredo Casella (1883-1947), dont l’une directement inspirée du conflit.


Ecrites pour les actualités cinématographiques dans une version pour piano à quatre mains, les Pages de guerre (1915) ont été orchestrées quelques années plus tard pour constituer une suite de cinq pièces d’une dizaine de minutes en tout. Grâce à une orchestration riche en cuivres et en percussions, cette musique particulièrement concise évoque avec conviction et émotion l’avancée de l’artillerie allemande en Belgique, les ruines de la cathédrale de Reims, les cavaliers cosaques en Russie, les croix de bois des soldats tombés en Alsace, les cuirassés dans l’Adriatique. Sous la direction de Gianandrea Noseda, l’orchestre sert au mieux cette œuvre lapidaire et expressive que l’on a envie de réécouter immédiatement après l’avoir entendue. Les pupitres développent des couleurs sombres et attaquent sèchement, les bois témoignent de leur pouvoir d’évocation, les cuivres de leur force de frappe.


Constitué de trois mouvements enchaînés de plus en plus courts, le Concerto pour violoncelle (1934-1935), deux fois plus long que Pages de guerre, bien qu’il se déroule lui aussi à toute vitesse, se caractérise par une esthétique néoclassique caractéristique de son époque. Enrico Dindo et l’orchestre interprètent cette œuvre brillante avec objectivité, sans sentimentalisme, et en restituent avec netteté l’irrésistible invention mélodique et rythmique tout en restant maître de leur moyen. L’interprétation met en évidence la qualité de l’orchestration grâce à la lisibilité des voix intermédiaires. Le raffinement de la sonorité, la netteté des phrasés et l’agilité du geste comptent parmi les principales qualités de la prestation du violoncelliste qui accorde en guise de bis, sans surprise, une page de Bach. Le temps de Casella, compositeur majeur, est-il venu ? La discographie récente incite à le penser. Reste, maintenant, à jouer ses œuvres plus souvent au concert.


En début de soirée, le Prélude à l’après-midi d’un faune (1891-1894) de Debussy ne présente rien de neuf mais l’interprétation, grâce à la flûte solo, possède le pouvoir d’évocation attendu. L’orchestre ne passe pas à côté du miroitement du tissu orchestral, de la lumière qui traverse cette œuvre fondatrice, du lyrisme qui s’en dégage mais cette composition est programmée tellement souvent qu’il s’avère bien difficile d’en proposer une relecture inattendue ou originale. En seconde partie, l’orchestre révèle la pleine mesure de son savoir-faire dans les Danses symphoniques (1940) de Rachmaninov : excellente tenue des cordes, souples et soudées, des bois, acérés, des cuivres, éloquents, des percussions, précises. Gianandrea Noseda, actuel directeur musical du Teatro Regio de Turin, livre de cette œuvre décidément géniale une interprétation minutieuse qui en dévoile clairement le dessin harmonique et la vigueur rythmique. Une exécution plus ramassée, sombre et survoltée reste souhaitable mais celle de ce soir s’avère suffisamment svelte et dynamique.


Le site d’Enrico Dindo



Sébastien Foucart

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com