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Strauss sous haute tension

Baden-Baden
Festspielhaus
06/07/2014 -  
Richard Wagner : Lohengrin: Prélude de l’acte I
Richard Strauss : Verführung, opus 33 n° 1 – An die Nacht, opus 68 n° 1 – Frühlingsfeier, opus 56 n° 5 – Quatre Lieder, opus 27
Gustav Mahler : Symphonie n° 1 «Titan»

Violeta Urmana (soprano), Bamberger Symphoniker, Jonathan Nott


V. Urmana, J. Nott (© Andrea Kremper)


Spectaculaire défilé de grandes voix à Baden-Baden, où se sont succédés Violeta Urmana, Anna Netrebko, Thomas Hampson et Luca Pisaroni, en trois concerts sur cinq jours! Programmation généreuse pour laquelle le public a répondu largement présent voire, pour Anna Netrebko, en envahissant le Festspielhaus jusqu’aux dernières places disponibles.


Violeta Urmana ouvre le ban. Le temps pour Jonathan Nott et les Bamberger Symphoniker de préparer le terrain avec un Prélude de Lohengrin aux timbres d’une belle homogénéité, et voilà qu’arrive sur le plateau une véritable hochdramatische, comme on a perdu l’habitude d’en apercevoir, à une époque où les gabarits d’une Nilsson, d’une Varnay ou d’une Rysanek ne sont plus légion. Stature et largeur d’épaules impressionnants (une tête de plus que le chef), silhouette audacieusement drapée dans une longue robe droite orange vif à fioritures : voilà qui promet ! Et la voix répond à l’appel : ardemment projetée, un peu métallique, dotée d’un imposant potentiel expressif. Après quelques expériences récentes où la soprano lituanienne nous avait semblé peu stable, voire en conflit persistant avec des aigus rétifs, on est agréablement surpris cette fois par l’absence de défaut au cours de ces Lieder de Strauss pourtant très exposés. Le choix de Violeta Urmana se porte d’abord sur trois pièces relativement développées (Verführung, An die Nacht et Frühlingsfeier) où elle peut laisser s’épancher des lignes vocales fermement soutenues. Cette densité un peu raide sonne peut-être davantage wagnérienne que straussienne, mais après tout les racines de cette musique sont bien là (Pauline de Ahna, Frau Strauss à la ville et dédicataire de tant de ces Lieder, fut une célèbre soprano bayreuthienne). Ensuite l’étau se desserre progressivement et Violeta Urmana parvient à trouver des accents plus tendres voire émouvants dans les quatre Lieder du célèbre Opus 27 («»Ruhe, meine Seele», «Heimliche Aufforderung», «Morgen» et «Cäcilie»). La souplesse de l’accompagnement de Jonathan Nott, moins ostensible que celle d’un Christian Thielemann mais non moins efficace et sans doute plus subtile, y contribue beaucoup. Pour remercier le public, une vigoureuse «Zueignung» vient conclure cette apparition plus que convaincante, et l’imposante soprano repart d’un pas conquérant vers de nouveaux horizons.


En seconde partie, Jonathan Nott et les Bamberger Symphoniker poursuivent le cycle Mahler qu’ils construisent depuis plusieurs années au Festspielhaus de Baden-Baden, avec une Première Symphonie «Titan» d’une lisibilité exceptionnelle. Visuellement la gestique de Jonathan Nott reste l’une des plus agréables du moment : magnifiquement fluide, semblant presque baliser l’écoute en signalant à l’auditeur les principaux enjeux du texte musical. Une expérience particulière qui n’a rien de commun, cela dit, avec ce fâcheux type de direction «pour la galerie» dont certains chefs restent encore friands. Assurée par une formation orchestrale en grande forme, la lecture de la partition semble évidente, chacun assurant sa partie comme dans une exécution de musique de chambre. Aucun passage à vide, une constante implication dans une construction sans lourdeur, y compris dans des appuis populaires parfois naïfs, qui culmine dans le sans faute d’un Stürmisch bewegt final rigoureusement construit, convaincant comme rarement quant à la gestion de ses climats successifs. Conclusion cuivrée, avec tout le groupe de cornistes debout, mais dont la splendeur ne fait que couronner une heure d’un travail très dense, dont le chef ne nous a pas laissé perdre une miette.



Laurent Barthel

 

 

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