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Les sculptures de Sir Simon Rattle

Paris
Salle Pleyel
08/31/2013 -  et 23 (Berlin), 25 (Salzburg), 28 (Luzern) août 2013
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonies n° 39 en mi bémol majeur K. 543, n° 40 en sol mineur K. 550, et n° 41 « Jupiter » en ut majeur K. 551

Berliner Philharmoniker, Sir Simon Rattle (direction)


S. Rattle (© Monika Rittershaus/EMI Classics)


Pour un grand coup, c’est un grand coup! Ouvrir la saison 2013-2014 en accueillant l’Orchestre philharmonique de Berlin pour deux concerts sous la baguette de son directeur musical en titre n’est pas un mince exploit pour la salle Pleyel. Même si, comme à son habitude et en principe pour la dernière année (la prochaine saison devant en effet s’ouvrir à la toute nouvelle Philharmonie de Paris), elle accueillera des phalanges aussi prestigieuses que le Symphonique de Pittsburgh sous la direction de Manfred Honeck, le Gewandhaus de Leipzig sous celle de Riccardo Chailly, l’Orchestre du Festival de Budapest sous celle d’Iván Fischer, Cleveland sous celle de Franz Welser-Möst, le Symphonique de Londres (LSO) sous celle de John Eliot Gardiner, le Mariinsky sous celle de Valery Gergiev (qui dirigera également plusieurs concerts du LSO), le Symphonique Simón Bolívar sous celle de Gustavo Dudamel ou San Francisco sous celle de Michael Tilson Thomas, programmer les Berliner Philharmoniker pour les deux premiers concerts de la saison était une sacrée gageure. D’autant que la dernière venue du prestigieux orchestre n’est pas si lointaine puisque celui-ci a donné deux concerts rue du faubourg Saint-Honoré à la fin du mois de février dernier (voir ici et ici).


Le programme de ce premier concert, consacré aux trois dernières symphonies de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791), a déjà été donné le 23 août en ouverture de la saison musicale de l’Orchestre, dans les murs de la Philharmonie qui fête d’ailleurs cette année ses cinquante ans (conçue par l’architecte Hans Scharoun, elle fut inaugurée le 15 octobre 1963 avec la Neuvième Symphonie de Beethoven sous la direction de Karajan), avant d’avoir également été joué le 25 août à Salzbourg, puis le 28 août à Lucerne (le concert étant d’ailleurs visible sur Arte Live Web. Mesurons donc notre chance d’entendre aujourd’hui ce triptyque puisque Paris marque la fin de cette mini-tournée estivale!


Les trois dernières symphonies de Mozart lors d’un même concert: programme on ne peut plus classique pourrait-on croire. Et pourtant... Si l’on consulte les archives de l’Orchestre philharmonique de Berlin au cours des trente dernières années (en se référant principalement à la liste exhaustive des concerts fournie par le deuxième tome du monumental ouvrage Variationen mit Orchester - 125 Jahre Berliner Philharmoniker publié chez Henschel), ce n’est qu’en février 2005 (à la faveur de trois concerts donnés successivement à Berlin, Munich et Hambourg) que les Berliner Philharmoniker ont eu l’occasion, déjà sous la direction de Sir Simon Rattle, de les donner en un même programme, ces trois symphonies ayant évidemment été jouées auparavant mais jamais (du moins depuis 1982) lors d’un seul concert.


Ne tergiversons pas: le résultat est techniquement époustouflant. Jouer à cette allure les mouvements conclusifs des Quarantième et Quarante-et-unième avec un tel sens des dynamiques et du contraste tient de la haute voltige même si la mise en place des cordes ne s’est pas toujours avérée de la plus grande netteté. C’est un souffle incroyable, doublé d’une tout aussi formidable explosion de couleurs, qui emporte l’auditeur: quel orchestre quand même! Si les tutti sont impressionnants (notamment les huit premiers violons, le chef leur serrant d’ailleurs la main à chacun à la fin du concert), il va sans dire que les solistes du Philharmonique – citons en premier lieu Andreas Blau à la flûte, Albrecht Mayer au hautbois et, nouvelle coqueluche du monde de la musique classique, Andreas Ottensamer à la clarinette pour ce qui est de la seule Trente-neuvième – sont également du plus haut niveau et nous enchantent à chacune de leurs interventions.


Musicalement, le concert fut excellent sans être exceptionnel. Compte tenu de la vivacité globale des tempi (Simon Rattle ayant par ailleurs opté pour un effectif allégé, l’orchestre ne comptant pour l’occasion que vingt-huit cordes), la relative lenteur de l’Allegro vivace de la Jupiter étonne et s’avère quelque peu ennuyeuse. Par ailleurs, l’Allegro molto de la Quarantième n’est pas ici mélancolique ou résigné mais bel et bien joyeux, ce qui ne manque pas de surprendre également. Ce seront là les seules petites déconvenues car, pour le reste, le chef britannique modèle le son de manière idéale et même, pourrait-on dire, palpable. Dirigeant sans baguette ni estrade, il appelle avec douceur les pupitres à réagir, les invite, les sollicite pour participer à cette vaste exécution, les réfrène parfois un tant soit peu si nécessaire; si elles sont directives dans les mouvements rapides, ses mains sont, en revanche, d’une incroyable douceur dans les mouvements lents. Sir Simon Rattle donne véritablement l’impression de modeler le son que l’orchestre lui donne, l’inflexion de ses paumes ou l’immobilité soudaine de ses poignets générant immédiatement la couleur souhaitée, l’alchimie entre le chef et l’orchestre offrant ainsi au public de la salle Pleyel un grand concert à la mesure des artistes conviés.


Le site de Sir Simon Rattle
Le site de l’Orchestre philharmonique de Berlin



Sébastien Gauthier

 

 

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