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Un beau dimanche avec Haendel!

Madrid
Auditorium national
10/28/2012 -  
Georg Friedrich Händel: Rodelinda, HWV 19
Karina Gauvin (Rodelinda), Sonia Prina (Bertarido), Topi Lehtipuu (Grimoaldo), Matthew Brook (Garibaldo), Romina Basso (Eduige), Delphine Galou (Unulfo)
Il Complesso barocco, Alan Curtis (direction musicale)


(© Il Complesso barocco)


Un spectacle comme celui-ci montre les possibilités pour la conquête d’un public plus large. Les vrais amoureux de l’opéra étaient là, pour un prix avantageux mais sans mise en scène, hélas. En même temps, il s’agit d’un public différent, éloigné des fastes opératiques, plus populaire peut-être. Un public qui adhérait, en cette soirée dominicale, à un beau et long spectacle regorgeant de merveilles baroques : une aria da capo après l’autre.



L’orchestre est déjà connu, davantage que le titre de l'oeuvre, et la distribution des six rôles alliait excellence et discrétion. Alan Curtis et son Complesso barocco, avec moins de vingt musiciens, ont enregistré Rodelinda il y a six ans, à l’ occasion des concerts londoniens au Barbican Center, (lire ici). Mais le temps permet revisiter le travail de jadis devant des publics qui changent. On ne rencontrera pas partout un enthousiasme comme celui du public de Madrid en ce dimanche 28 à la fin de ce concert.



La couleur du Complesso barocco est l’un des atouts de cet ensemble. Curtis a soigné cette couleur pendant toutes ces années où la conscience du son baroque a complètement changé. Il n’est pas Haïm et Rodelinda n’est pas Giulio Cesare. Rodelinda est riche en airs introspectifs, avec peu de moments exaltés, et le lyrisme l’emporte sur l’héroïsme. Curtis est très à l’aise dans cet opéra qu’il connaît bien, avec les musiciens et les chanteurs, et il n’a nul besoin d’exercer une quelconque tension. Ce n’est pas M. Dynamite, même si on aime la dynamite de Haïm dans d’autres spectacles.


Un opéra de six voix seulement, sans chœur, avec un enfant dont la présence n’est pas nécessaire dans une version concert mais indispensable pour le pathos de l’action. Deux voix masculines correctes, belles parfois : Topi Lehtipuu, Matthew Brook. Quatre voix féminines qui vont de la beauté cristalline de Romina Basso à la perfection du couple protagoniste, Karina Gauvin et Sonia Prina. Ces derniers ont conquis le public avec la beauté de leur timbre, leurs mélismes, et un style belcantiste presque sans limite. Annoncée souffrante, on se demande ce que Sonia aurait bien pu faire de plus. Formidable, ce couple soprano-contralto, un choix différent de celui de soprano-contreténor. Le rôle d’Unulfo (le bon et loyal courtisan) est aussi pour contralto, mais pas pour haute-contre : Delphine Galou n’a pas beaucoup de puissance dans la voix, mais cette voix est belle, profonde, teintée d’obscurités et pleinement charnelle dans les passages les plus sombres. Romina Basso, on l’a vu, est le contralto clair et diaphane de la distribution, comme si sa voix voulait s’envoler voler vers les aigus et devenir soprano.



On frôlé la perfection, peut-être pas indispensable pour réussir dans un opéra comme celui-ci, ou pour satisfaire un public qui attendait ce spectacle avec impatience (« quel beau dimanche pour la saison… »). Public un peu froid au début (peut-être intimidé?), mais définitivement conquis à la fin des premières trente minutes d’un spectacle qui dure quatre heures.



Alan Curtis et Il Complesso Barocco seront à Madrid en mars 2013 pour une zarzuela du début du XVIIIe siècle, Viento es la dicha de amor (Le vent, c’est le bonheur de l’amour), composée par José de Nebra (1702-1768) sur un livret d’Antonio Zamora, l’un des derniers auteurs dramatiques du Siècle d’Or de Lope de Vega et Calderón (un « siècle » qui dépasse en fait largement les 100 ans). C’est Luis Lima qui signera la mise en scène. Voilà un spectacle attendu avec grande impatience.


Il Complesso barocco



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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