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Le choc d'une oeuvre rare

Bruxelles
Théâtre Royal de la Monnaie
10/31/2000 -  et: 15,17,19, 22 (vue aussi), 24, 26, 27, 29 octobre 2000
Leos Janacek: Vec Makropoulos
Anja Silja/ Kristine Ciesinski (Emilia Marty), David Kuebler (Albert Gregor), Dale Duesing (Jaroslav Prus), Paul Age Johannessen (Dr. Kolenaty), Graham Clark (Hauk-Sendorf), Jürgen Sacher (Janek), Katija Dragojevic/ Renate Maria Spingler (Kristina), Johanna Duras (Poklizecka), Beata Morawska (Komorna), Gerard Lavalle (Strojnik)
Stéphane Braunschweig (mise en scène et décors), Thibault Vancraenenbroeck (costumes), Marion Hewlett (éclairages), Renato Balsadonna (chef des choeurs)
Orchestre Symphonique et Choeur d'hommes de la Monnaie, Peter Eötvös (direction)

Cette production a été l’une des grandes réussites de la dernière édition du Festival d’Aix-en-Provence et la Monnaie, coproducteur du spectacle, la proposait à son public dans une distribution pratiquement renouvelée, à l’exception de la principale protagoniste, Anja Silja. Cette artiste, chanteuse et actrice de premier ordre, malgré des failles vocales existant depuis longtemps mais stabilisées, réussit à incarner de manière impressionnante un personnage ambigu, à la fois monstrueuse et humaine, forte et faible, bonne et mauvaise. La projection intacte, l’énergie et la tension de cette voix imparfaite donnent tout le relief et l’émotion nécessaire à l’un des plus beaux personnages d’opéra. Autour d’elle, comme dans Lulu gravitent des personnages, secondaires mais importants, essentiellement m asculins à l’exception de la jeune aspirante cantatrice Kristina, incarnée par une chanteuse à la voix d’une rare beauté, Katija Dragojevic, dont on devrait entendre parler (malade le 22, elle laissa la place au dernier moment à Renate Maria Spingler). Tous ces hommes autour d’Emilia Marty sont remarquablement incarnés et chantés, beaucoup mieux qu’à Aix : David Kuebler, dont l’Albert Gregor fait penser à son Alwa, avec la même vulnérabilité, Dale Duesing, habitué de la Monnaie dans un rôle idéal à sa maturité artistique, Paul Age Johannessen, convaincant Kolenaty, Eberhard Lorenz, touchant Vitek ainsi que Jürgen Sacher, percutant Janek. Mais c’est surtout Graham Clark qui nous surprend dans le rôle tant épisodique d’Hauk-Sendorf, qui n’a que deux scènes auxquelles sa composition étonnante d’efficacité vocale et dramatique rend parfaitement justice. Pour trois représentations, dont celle du 22 octobre, à laquelle j’ai aussi assisté, le rôle d’Emilia Marty était interprété par Kristine Ciesinski qui portait la lourde tâche de la comparaison avec Silja. Elle s’en est admirablement bien sortie avec une voix homogène, idéale de projection, un timbre peut-être ingrat mais qui convient au personnage ; sur le plan scénique, elle compose un personnage assez différent, plus effrayante encore que Silja et une allure qui en impose.
Que dire de la mise en scène de Stéphane Braunschweig, encensée lors des représentations aixoises ? Il y a toujours chez ce metteur en scène des idées lourdes qui viennent souligner inutilement des aspects de l’œuvre (illustration de l’ouverture du passé d’Emilia, le médecin intervenant à la fin de l’ouvrage représentant son père…), mais c’est lourdeurs sont compensées par une efficacité de la dramaturgie dans une sobriété des décors, une direction d’acteur efficace, des éclairages bien pensés. La lisibilité de l’ouvrage est parfaite, malgré les embûches d’une intrigue compliquée.
La plus grande réussite de la soirée est la prestation exceptionnelle de l’orchestre symphonique de la Monnaie, dans les mains expertes de Peter Eötvös qui nous offre une lecture limpide, tendue, émouvante, claire d’une œuvre rarement donnée et pourtant si attachante.



Christophe Vetter

 

 

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