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The Pianist

Paris
Salle Pleyel
02/29/2012 -  et 1er mars 2012
George Gershwin : Porgy and Bess: Catfish Row – Rhapsody in Blue (orchestration Ferde Grofé) – Concerto en fa

Stefano Bollani (piano)
Orchestre de Paris, Riccardo Chailly (direction)


S. Bollani


Après d’éclatantes retrouvailles avec l’Orchestre de Paris la semaine dernière, Riccardo Chailly revient pour deux nouvelles soirées mais avec un tout autre programme, consacré à Gershwin. Faut-il s’étonner de ce que le Milanais, mahlérien réputé et patron d’une institution aussi vénérable que le Gewandhaus, aborde de ce répertoire? Ce serait oublier sa brillante réhabilitation, consacrée par un disque enregistré au Concertgebouw, des musiques légères («suites de jazz») composées par Chostakovitch dans les années 1930.


Et sous sa baguette toujours aussi vive et séduisante, Catfish Row – nom donné à titre posthume par Ira Gershwin à la suite d’extraits que son frère avait lui-même tirée de Porgy and Bess (1935) – respire aussi l’air de ces années-là: on y repère furtivement Hindemith, Martinů, Prokofiev et Respighi. D’une durée de 25 minutes, les cinq parties suivent l’ordre du livret, voilà qui change un peu de West Side Story et même si l’orchestration paraît parfois massive, les principaux thèmes de l’opéra sont instrumentés avec soin: «Summertime» au violon solo puis au hautbois, «I got plenty o’ nuttin’» au banjo, ...


La tentation de confier des tubes de Gershwin à des pianistes de jazz est évidemment grande, aussi grande sans doute que pour eux de se frotter à un orchestre symphonique – on se souvient ainsi de Baptiste Trotignon ou, plus récemment, de Herbie Hancock dans un duet show passablement cabotin avec Lang Lang. C’est aussi trop souvent le type même de la fausse bonne idée, chacun restant cantonné dans un univers aux usages plus ou moins inconciliables. Cependant, avec la caution d’un Chailly (et d’une formation «classique» au conservatoire de Florence), Stefano Bollani (né en 1972) ne pouvait être accueilli qu’avec espoir. De fait, sous l’œil du ministre de la culture mais aussi de Jean-Frédéric Neuburger, l’Italien aux chaussures black and white, crinière et la barbe poivre et sel, visiblement adopté par les musiciens, rassure d’emblée, alerte et mordant dans la Rhapsody in Blue (1924) qu’il revisite avec un étonnant mélange de rigueur et de souplesse, notamment au travers de cadences d’une belle liberté.


Après l’entracte, Bollani ne se laisse pas du tout impressionner par une partition plus «écrite», le Concerto en fa (1925): même nervosité virevoltante et espiègle, au détriment de la puissance, certes, mais au moins, contrairement à ce qu’on entend parfois dans cette œuvre, Rachmaninov ne s’égare pas à Manhattan. L’orchestre s’en donne à cœur joie, la grosse caisse tonne avec fracas, les clarinettes déroulent un suave tapis de sonorités, mais récréation ne signifie pas relâchement, à l’image des impeccables solos du trompettiste Frédéric Mellardi (comme ceux de son camarade Philippe Berrod à la clarinette dans la Rhapsody).


Il faut croire que c’est dans l’air du temps: de même que The Artist nous ramène à l’ère du muet, Bollani se fait «The Pianist» dans quatre bis, d’abord avec l’orchestre pour Rialto Ripples Rag (1917). Il donne les trois autres en solo, après avoir fait mine, à peine rassis à son clavier, de quitter immédiatement la scène: des versions très personnelles du Maple Leaf Rag (1899) de Joplin, entre Art Tatum et Conlon Nancarrow, puis de deux standards de Gershwin, The Man I Love (1924/1927), richement harmonisé, et I got rhythm (1930), veste tombée, syncopes irrésistibles et public conquis frappant dans ses mains.


Le site de Stefano Bollani



Simon Corley

 

 

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