About us / Contact

The Classical Music Network

Bruxelles

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Secret dévoilé

Bruxelles
La Monnaie
01/24/2012 -  et 26, 28, 31* janvier, 2, 3, 5, 7, 8, 10, 11 février 2012
Richard Strauss : Salome, opus 54
Chris Merritt*/Gerhard Siegel (Herodes), Doris Soffel*/Hedwig Fassbender (Herodias), Amanda Echalaz/Nicola Beller Carbone* (Salome), Scott Hendricks (Jochanaan), Gordon Gietz (Narraboth), Susanne Kreusch (Ein Page des Herodias), Alasdair Elliott, Yves Saelens, Johannes Preissinger, Alexandre Kravetz, Guillaume Antoine (Juden), Frode Olsen, Donal Byrne (Nazarener), Tijl Faveyts, Patrick Schramm (Soldaten), Julian Hubbard (Ein Cappadozier), Marc Coulon (Ein Sklave)
Orchestre symphonique de la Monnaie, Carlo Rizzi (direction)
Guy Joosten (mise en scène), Martin Zehetgruber (décors), Heide Kastler (costumes), Manfred Voss (éclairages), Claudio Pazienza (vidéo)




Elektra en 2010, Salomé (1905) aujourd’hui. Guy Joosten revisite le destin intemporel de la fille d’Hérodiade en le transposant à l’époque actuelle, dans un immeuble abandonné (plafond effrité, sol abîmé, murs criblés d’impacts de balles) et dans un milieu mafieux (lunettes de soleil, costumes, armes à feu). Hérode, le parrain sans doute, convie autour de la table des représentants de différentes obédiences religieuses. La disposition des convives évoque d’ailleurs la Cène.


Les idées se tiennent et ne manquent pas d’originalité, surtout durant la Danse des sept voiles. Salomé esquisse au début quelques insignifiants pas de danse avant de se glisser sous la table, ce qui ne manque évidemment pas de produire quelques effets comiques, pour réapparaître avec un peigne. Elle dévoile ensuite une vidéo la montrant, plus jeune (en train justement de se peigner), et qui s’avère compromettante pour Hérode, puisque les images suggèrent sans ambiguïté, même si Salomé dirige le projecteur vers la salle au moment décisif, que ce dernier, qui tenait la caméra, a abusé de l’adolescente. Pourquoi pas et tant pis s’il ne s’agit pas d’une Danse des sept voiles en bonne et due forme. En revanche, difficile de comprendre cette tuerie au moment où les bourreaux tranchent la tête de Jochanaan et l’apparition d’une sorte de fantôme du prophète au moment où Hérode ordonne de tuer sa belle-fille. Une direction d’acteur fouillée ne compense pas un sentiment de frustration qui provient essentiellement du traitement réservé à Salomé que chacun est en droit de préférer plus voluptueuse et lascive.



(© Clärchen und Matthias Baus)


Sous la direction de Carlo Rizzi, l’Orchestre symphonique de la Monnaie a rarement autant déçu : cordes presque atones, bois quelconques, cuivres aussi vilains que criards. Les musiciens peinent à exprimer leur puissance sans saturer et à diversifier les registres ainsi que la dynamique. A la longue, les déséquilibres entre pupitres, de même que les défauts d’articulation avec le plateau, finissent pas agacer et, plus d’une fois, l’œuvre paraît méconnaissable. Si la fosse manque de tenue et de prestige, le plateau procure heureusement plus de satisfactions. Le temps permettra sans doute à Scott Hendricks de creuser son Jochanaan qu’il incarne pour la première fois. Dans cette production, le prophète est habillé comme un monsieur-tout-le-monde bien de sa personne mais la présence et les mots exigent néanmoins plus d’impact et de poids. Doris Soffel marque les esprits dans le rôle d’Hérodiade et, plus encore Chris Merritt, formidable comédien, excellent chanteur, qui traduit avec talent et humour la fourberie puis l’effroi d’Hérode lorsque sa belle-fille lui formule son souhait insensé. En alternance avec Amanda Echalaz, Nicola Beller Carbone compte sans aucun doute parmi les meilleures titulaires du rôle : sa beauté un peu froide fait mouche, bien sûr, mais plus encore, sa prestation vocale, constante, charpentée et ne sentant jamais l’effort, rehausse l’intérêt d’un spectacle qui ne marquera pas les esprits.



Sébastien Foucart

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com