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Réalisme

Paris
Théâtre des Bouffes du Nord
01/17/2012 -  et 19*, 21, 24, 27, 29, 31 janvier, 2, 4 février 2012
Leos Janácek : Katia Kabanová
Michel Hermon (Savël Prokofievic Dikoj), Paul Gaugler (Boris Grigorjevic), Elena Gabouri (Marfa Ignatĕvna Kabanová), José Canales (Tichon Ivanyc Kabanov), Kelly Hodson (Katia), Jérôme Billy (Vána Kudrjás), Céline Laly (Varvara), Douglas Henderson (Kuligin), Mathilde Cardon (Glása)
Nicolas Chesneau/Martin Surot* (piano), Irène Kudela (direction musicale)
André Engel (mise en scène), Ruth Orthmann (collaboration artistique), Dominique Muller (dramaturgie), Nicky Rieti (scénographie), Chantal de la Coste-Messelière (costumes), André Diot (création lumières), Pippo Gomez (création son)


(© Richard Schroeder)


Après sa Petite Renarde rusée qui a fait les beaux jours de l’Opéra de Lyon en 2000 puis du Théâtre des Champs-Elysées en 2002 et de Bastille en 2008 et en 2010, André Engel passe à un autre opéra de Janácek, de caractère tout à fait différent, dans une «version de chambre» aux dimensions des Bouffes du Nord, qui accueillent Katia Kabanová (1921).


Recourant à un minimum d’accessoires (chaise, portemanteau, valises), la scénographie de Nicky Rieti ne cherche pas à s’abstraire de ce lieu si particulier, bien au contraire: de la désormais célèbre cour intérieure où Christoph Marthaler avait confiné l’action, celle-ci se hisse de façon guère plus riante sur le toit d’un bâtiment, comme le suggèrent les premières lettres d’une enseigne lumineuse désignant la maison Kabanov, et les murs de cette terrasse, d’où l’action se déplace naturellement vers l’avant-scène, dans une rare proximité avec les spectateurs, reprennent les ocres et rouges bruts de décoffrage emblématiques du théâtre du boulevard de la Chapelle. Dès lors, les tourments d’une personnalité au bord du gouffre et attirée par le vide s’extériorisent dans les dangereuses déambulations de Katia sur la balustrade, d’où elle se jettera au dernier acte. Si l’héroïne s’échappe par le rêve, le metteur en scène, par contraste, cultive l’humour – le public rit plus souvent qu’à l’habitude – et, parfois jusqu’à l’excès, un réalisme que ne contredisent pas les sobres costumes conçus par Chantal de la Coste-Messelière: Varvara se vernit les ongles de pied, Kabanicha administre une séance sado-maso en bonne et due forme à Dikoï et l’orage retentit avec fracas – André Diot et Pippo Gomez, respectivement aux lumières et au son, se déchaînent. Mais l’apparition de ce personnage sinistre, coiffé d’un melon à la Magritte et portant trois noirs ballons gonflables, est autrement plus saisissante.


Pour ce qui est de la musique, elle est réduite à son squelette: si solide soit-il, il serait malhonnête de prétendre qu’il n’y manque pas la chair si caractéristique de l’orchestre de Janacek; certaines pages en souffrent inévitablement, quels que soient les mérites de Nicolas Chesneau et Martin Surot, les pianistes qui se partagent les neuf représentations de ce spectacle sur un instrument à la sonorité au demeurant assez médiocre. Sous la direction musicale d’Irène Kudela, l’équipe de chanteurs, jeunes, pour la plupart, issus de l’unité scénique de la Fondation Royaumont (où la production a été donnée dès l’été 2010), se révèle vocalement – sinon dramatiquement – excellente. Frêle, comme un oiseau tombé du nid, la Canadienne Kelly Hodson est une Katia juvénile, à la voix imparable, puissante, juste et bien placée. A ses côtés, le Boris de Paul Gaugler ne pâlit pas, même si le timbre demeure encore un peu vert et l’émission souvent tendue, de même que le Tichon pusillanime de José Canales. Dans le rôle toujours payant de Kabanicha, la Pétersbourgeoise Elena Gabouri, tranchante et autoritaire, réalise une composition impressionnante. Enfin, si le Dikoï de Michel Hermon semble vraiment trop à court de voix, à la différence du Kouliguine de Douglas Henderson, le couple formé par la Varvara de Céline Laly et le Koudriach de Jérôme Billy est idéalement espiègle et rayonnant.


Le site de Paul Gaugler
Le site d’Elena Gabouri
Le site de Céline Laly



Simon Corley

 

 

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