About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Un vif et sapide classicisme

Paris
Opéra Comique
01/07/2012 -  
Joseph Haydn : Concerto pour trompette et orchestre en mi bémol majeur, Hob.VII.1
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie n°38 «Prague» en ré majeur, K. 504
Domenico Cimarosa : Il maestro di cappella

Alexandre Baty (trompette), Roberto de Candia (basse)
Orchestre philharmonique de Radio France, Ton Koopman (direction)


T. Koopman


En marge des représentations d’Amadis de Gaule, l’Opéra Comique programme le premier des trois concerts que le Philhar’ y donne cette saison, « rendez-vous symphoniques avec le répertoire contemporain du plein épanouissement de l’opéra-comique français». Ce partenariat entre la salle Favart et la formation de Radio France se prolonge donc, après une première année qui s’était conclue, en juillet dernier, avec Ton Koopman. Et c’est le chef néerlandais, qui, trois mois avant de retrouver les musiciens à Pleyel pour la version oratorio des Sept dernières paroles du Christ en croix de Haydn, inaugure cette deuxième série.


L’été dernier, une œuvre concertante s’était employée à mettre en valeur l’un des chefs de pupitres, mais c’est ici un (jeune) ancien qui à l’honneur: en effet, Alexandre Baty (né en 1983), après avoir intégré l’orchestre en 2008, a non seulement remporté le premier prix des concours in memoriam Joseph Haydn (Budapest) en 2009 et du Printemps de Prague en 2010, puis le deuxième prix au concours de l’ARD (Munich) en 2011, mais il a passé avec succès les épreuves lui ouvrant les portes de l’Orchestre de la Suisse romande et, surtout, du Concertgebouw d’Amsterdam, dont il est membre depuis le mois dernier. Avec un tel curriculum vitæ, comment pourrait-il être effrayé par le Concerto pour trompette (1796) de Haydn? L’aisance technique ne surprend donc pas de sa part, mais il y joint une richesse de couleur, une variété dans les attaques et une impeccable musicalité: avec une prestation aussi somptueusement maîtrisée, les rôles s’en trouvent presque inversés par rapport à une habituelle confrontation concertante et les surprises, dès lors, viennent plutôt de l’accompagnement.


Car Ton Koopman, toujours aussi affable, exubérant et démonstratif, a remis l’orchestre au régime «baroque», une cure qu’il entreprend régulièrement avec lui depuis maintenant près de huit ans: cuivres et timbales à l’ancienne, vibrato rangé au rayon des accessoires interdits, texte revisité et, au besoin, ornementé, articulation radicalement modifiée et... respect intégral des reprises, portant la Trente-huitième Symphonie «Prague» (1786), malgré des tempi souvent enlevés, à une durée de 32 minutes. L’acoustique de Favart ne laisse passer aucune approximation instrumentale, ne flatte pas nécessairement la sonorité et ne contribue pas à la fusion des timbres, mais elle sied à une approche faisant ressortir la dimension contrapuntique de l’écriture mozartienne, particulièrement dans le développement des mouvements impairs. Comme de coutume, le fondateur de l’Orchestre baroque d’Amsterdam a le classicisme à la fois vif et sapide: il confère à la musique un peps réjouissant, sans brutalité aucune, ni même raideur, notamment dans un Presto final d’une vitalité et d’une alacrité tout opératiques.


Et c’est de théâtre lyrique, justement, qu’il est question après l’entracte. Avec Le Maître de chapelle, Cimarosa souscrit à la mode des divertissements lyriques en vogue dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Ces ouvrages brefs – 20 minutes en l’occurrence – appelés intermezzi parce que joués entre les actes d’un opéra plus important prenaient pour sujet les travers du monde de la scène, à l’instar du contemporain Schauspieldirektor de Mozart. Ici, il s’agit des avanies d’un maître de chapelle – l’incarnation princeps de notre chef d’orchestre actuel – face à une formation à la discipline capricieuse, à une époque où justement le progressif enrichissement des effectifs commençait à le rendre nécessaire. La partition commence par une ouverture jubilatoire dirigée du clavecin avec vivacité par Ton Koopman. Les effets comiques ne tardent pas, où après des essais infructueux au premier air, le maître de chapelle parvient dans la reprise à faire jouer les pupitres selon sa volonté – excepté les cors qui répliquent sans permission aux bassons et hautbois. Les instruments convoqués répondent docilement à l’imitation chantée par la basse. On reconnaît entre autres des citations plus ou moins détournées de Boccherini et de Mozart, tandis que la coda se joue des cadences rompues du cher Wolfgang, produisant un effet d’insistance qui semble parodier par anticipation Beethoven.


Affublé d’une sévère perruque cendrée qu’il cède in fine au «véritable» chef, Roberto de Candia soigne la diction et délivre une incarnation savoureuse, baguette à la main, emportée par la complicité d’un Ton Koopman jubilatoire, autant que par le cabotinage fort à-propos des musiciens, faisant virevolter les feuilles de la partition en signe de protestation à l’autorité du maître de chapelle. La lecture vivante et dynamique de cet ouvrage charmant et rudement bien tourné fait regretter sa surprenante absence des théâtres et des salles de concert.


Le site de Ton Koopman
Le site d’Alexandre Baty



Simon Corley et Gilles Charlassier

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com