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Cauchemar

Paris
Salle Pleyel
11/04/2011 -  
Benjamin Britten : Les Illuminations, opus 18
Dimitri Chostakovitch : Symphonie n° 8, opus 65

Christine Schäfer (soprano)
Orchestre philharmonique de Radio France, Jukka-Pekka Saraste (direction)


J.-P. Saraste (© Bo Mathisen)


Christine Schäfer est une magnifique artiste: aigu irréprochable, tant par sa justesse que par sa couleur, expression contenue et voix plutôt fine, mais qui sait faire preuve de rondeur et de puissance pour s’imposer sur les quarante cordes. Hélas, on ne comprend pas un traître mot de ce que chante la soprano allemande. Trois fois hélas, même, car les textes sont de Rimbaud, puisqu’il s’agit des Illuminations (1939) de Britten. Dommage, décidément, car la baguette de Jukka-Pekka Saraste – l’un de ces chefs finnois appréciés de longue date par le Philharmonique de Radio France, comme Esa-Pekka Salonen et, encore tout récemment, Mikko Franck – se fait tour à tour élégante et précise, intense et mordante.


De Britten à Chostakovitch, qui dédia bien des années plus tard à l’Anglais sa Quatorzième Symphonie, la transition se fait d’autant plus naturellement que c’est la Huitième (1943), chronologiquement très proche, qui est au programme de la seconde partie et que ses premières pages sont elles aussi réservées aux seules cordes. Et même si les autres sections, comme de coutume, ont été excellentes, ce sont bien les soixante-huit musiciens de ces pupitres qu’on a d’abord envie de saluer, tant ils se seront surpassés, sans faiblir tout au long de ces soixante-cinq minutes. Sans surenchère ni effets de manche, jouant plus sur la crudité et l’objectivité que sur le grotesque et les excès, Saraste installe d’emblée une tension qui ne retombe que dans les dernières mesures, à l’issue d’un cauchemar aussi oppressant qu’admirablement conduit, malgré les difficultés que posent les très vastes mouvements impairs (plus de vingt-cinq minutes chacun): l’immense portique initial s’édifie avec un sens aigu de l’architecture, et, après un deuxième mouvement mahlérien en diable, la machine à broyer puis le De profundis du dernier débouchent sur une très improbable rédemption. Difficile de concevoir plus bel hommage à une œuvre saisissante, dont l’impact se ressent encore longtemps après que le concert est terminé.


Le site de Christine Schäfer



Simon Corley

 

 

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