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Exécution simulée ?

Paris
Opéra Bastille
01/23/1998 -  et 27 et 29 janvier, les 1er, 3, 7, 10 et 13 février 1998
Giacomo Puccini : Tosca
Maria Guleghina (Tosca), Fabio Armiliato (Cavaradossi), Jean-Philippe Lafont (Scarpia), Sorin Coliban (Angelotti), Alfredo Mariotti (Sacristain), Charles Burles (Spoletta), Till Fechner (Sciarrone), Reynald Chapuis (Geôlier)
Werner Schroeter (mise en scène), Alberte Barsacq (décors et costumes), André Diot (lumières)
Maîtrise des Hauts de Seine, Choeurs et Orchestre de l'Opéra National de Paris, Jan Latham-Koenig (direction)

Qu'elle surclasse ou non l'original, une reprise devrait toujours posséder son souffle propre, comme ce fut le cas cette saison pour Pelléas et Mahagonny ou, véritable modèle, pour le Nabucco du printemps 97, qui était autre et même à la fois que celui de la création en 95. Lorsque l'oeil et l'oreille commencent leurs comptes d'apothicaires entre le positif et le négatif, cet élan manque. Dans une optique de répertoire, le rôle du chef est fondamental, bien plus que celui du metteur en scène qui n'a que peu de latitude pour revitaliser son propos.

La production de Werner Schroeter et Alberte Barsacq préserve ses vertus, lisibilité spatiale, cohérence d'un design qui ne sombre ni dans le chromo ni dans le désincarné. De même campe-t-elle sur ses conventions quant à la direction d'acteurs - au demeurant bien réglée - et à l'éclairage, dont la dimension expressive paraît assez peu développée. C'est donc à Jan Latham-Koenig qu'il appartenait d'irriguer le drame, et c'est lui sans doute le responsable des impressions mitigées que laisse cette soirée. Tempo rigoureux mais trop retenu, traînant parfois derrière les chanteurs, lui font défaut la variété rythmique et l'excitation dynamique qui doivent souder le discours musical au texte. Réduit comme trop souvent à une symphonie avec voix, celle-là même que Prêtre, en dépit de ses imprécisions, avait bannie de Turandot, ce Puccini a pour seul atout d'être servi par un Orchestre de l'Opéra toujours idéal dans cet univers - la courbe de ces violons et de ces violoncelles, les irisations des vents !

Cette jouissance sonore se retrouve dans la distribution, en premier lieu chez Guleghina, dont la longueur de souffle et l'ampleur de l'émission laissent pantois. Riche et percutant dans les aigus forte, le timbre reste magnifiquement projeté dans le médium. Impossible cependant d'ignorer que la phrase puccinienne, avec ses revirements rythmiques continuels, les pièges de ses intonations a cappella et la difficulté de ses nuances piano, l'avantage beaucoup moins que la coupe plus rude des Verdi de jeunesse. Impliquée mais uniforme, sa Floria plonge dans l'ombre trop de facettes du personnage. Lafont pourrait être plus terrible encore, et la voix a un peu perdu de son insolence, mais ce Scarpia parfaitement maître de son rôle demeure l'un des meilleurs qu'on puisse voir aujourd'hui. Fabio Armiliato laisse davantage perplexe, timbre inégal tour à tour trop serré puis percutant, moyens indéniables luttant contre une technique imprécise. Des seconds rôles, retenons le Spoletta de l'inusable Burles et l'Angelotti prometteur de Sorin Coliban. La disposition originale du décor au troisième acte, la montée en puissance des protagonistes survivants, ainsi que l'ensorcelante beauté des timbres instrumentaux nous étreignent enfin lorsque les premières lueurs de l'aube glissent sur le Château Saint-Ange. Mais n'était-on pas en droit de l'espérer avant, si un geste plus vif s'était élevé depuis la fosse ?



Vincent Agrech

 

 

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