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Carte blanche en demi-teinte

Paris
Cité de la musique
01/16/1998 -  
Eliott Carter : Pièces II et VIII des Huit pièces pour quatre timbales
John Adams : Chamber Symphony
Roger Reynolds : On the Balance of Things
Terry Riley : Sunrise of the Planetary Dream Collector

Ensemble InterContemporain, Anne Manson (direction)
Junior Ballet du Conservatoire de Paris, Lucinda Childs (chorégraphie)

On attendait beaucoup de la carte blanche de Lucinda Childs, pour l'importance de ses chorégraphies passées, pour l'intérêt qu'elle a toujours témoigné à la musique contemporaine (de Phil Glass à François-Bernard Mâche en passant par Ligeti), et pour ce qu'elle a appris de ses collaborations avec Bob Wilson. La déception ne vint pourtant pas des attentes démesurées, mais plutôt de la force inégale entre la musique et la danse.

Les deux courtes pièces pour percussions de Carter qui commençaient et finissaient le spectacle, furent remarquables : musique seule pour la première, musique et danse pour la seconde, les deux d'une énergie rythmique revigorante. L'oeuvre de John Adams - consistant en un écheveau polyphonique et rythmique passionnant dans les premier et troisième mouvements - fut magnifiquement interprétée, mais, sans doute pour des raisons pratiques, Lucinda Childs ne présenta qu'une partie de sa chorégraphie, celle du second mouvement de l'oeuvre, qui est loin d'être le plus réussi. Mais aucune émotion n'est sortie de la danse assez fade des juniors du Conservatoire. L'idée de traitement de la pièce de Roger Reynolds était remarquable. La première partie était un monologue, pendant laquelle Lucinda Childs séduisit le public avec la beauté de l'anglais, de sa voix et de sa diction. La musique entrait en scène au second mouvement : les musiciens étaient dispersés sur la scène et savamment éclairés ; pendant ce temps, Lucinda Child dansait et déambulait entre eux, apparemment seule. En fait, les musiciens se mirent petit à petit à danser avec elle, par exemple en levant la main en même temps qu'eux. Et lorsque la chef Anne Manson jeta sa baguette, pour continuer sa gestuelle à la main, il devint clair que la gestuelle des musiciens faisait aussi partie de la chorégraphie. La danse de Lucinda Child était minimale, mais toute en tension (bras tendus, extension, et surtout, accumulation perpétuelle d'énergie) : quelle classe ! Pour cette pièce, c'est la musique qui était problématique, parce qu'elle était interminable et ne semblait nous mener nulle part, sans pour autant que le processus musical soit lui-même intéressant. On se contente alors d'admirer les musiciens de l'EIC, et notamment son extraordinaire hautboïste Lazlo Hadady, souvent en avant. Venait ensuite le quatuor à cordes de Terry Riley - répétitif et expressif, très new age, assurément une pièce intéressante - accompagné d'une chorégraphie d'ensemble (cinq danseurs) de Lucinda Child, très belle, froide et énergique, mais en même temps assez facile. Au début, on regrette que les danseurs classiques du Ballet junior du Conservatoire soient si bien dressés (ou encore trop bien dressés), leur corps ayant du mal à sortir de la discipline stricte de la danse classique (ils n'arrivent par exemple pas à poser le pied au sol sans faire de chichis). Mais ils s'améliorent au fil de la pièce, ou l'on s'habitue, peu importe. Au final, le spectacle n'est pas raté, mais pas non plus réussi : la musique et la danse n'ont jamais réussi à vraiment se rencontrer, l'une ne cessant de dominer l'autre. Espérons donc revoir Lucinda Child en plus grande forme à Paris, peut être avec sa troupe et au Théâtre de la Ville.



Stéphan Vincent-Lancrin

 

 

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