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Le couple de l'année !

Paris
Palais Garnier
12/01/1997 -  et 3, 6, 9*, 11, 14, 19, 22, 23, 26, 29 et 31 décembre 1997
Franz Lehar : La Veuve joyeuse
Karita Mattila (Hanna), Henriette Bonde-Hansen (Valencienne), Bo Skovhus (Danilo), Waldemar Kmentt (Mirko), Michael Shade (Camille), Stephan Genz (Cascada), Cesar A. Gutierrez (Raoul)
Jorge Lavelli (mise en scène), Antonio Lagarto (décors), Francesco Zito (costumes), Jacky Lautem (lumières)
Orchestre et Choeurs de l'Opéra National de Paris, Armin Jordan (direction)

Lavelli voit la veuve en gris et Jordan a le champagne triste. Bel orchestre au demeurant, précis et discipliné comme de coutume, avec dans le chant des violons et le murmure des vents tous les parfums nostalgiques que Lehar demande. Mais ne faudrait-il pas un chef qui creuse les contrastes dynamiques et s'enivre de rubato dans les valses, au lieu de battre simplement la mesure ?

Production par ailleurs élégante, avec de superbes costumes se détachant sur le fond uni d'un décor acoustiquement ingrat (l'immensité de Bastille ne doit quand même pas faire passer Garnier pour une boîte d'allumettes !) et dramatiquement insignifiant. Confronté à un livret plus statique et répétitif qu'il n'y paraît de prime abord, Lavelli peine à déployer ces espaces multiples et ce rythme prenant dont il rêvait. Reste une direction d'acteurs qui cerne avec intelligence les rapports entre les protagonistes, et offre quelques instants vraiment magiques en illustrant le pas de deux de leurs hésitations et de leurs désirs.

Ni précieux, ni raffinés, ni décadents, mais éclatants de santé et de bonne humeur, Mattila et Skovhus secouent heureusement ce qui risquait d'engendrer une douce torpeur. Lui juste ce qu'il faut de bellâtre gominé, avec cette franchise de hussard seulement permise aux vrais aristocrates ponténégrins, valseur et séducteur irrésistible, voix épanouie dans un rôle qui lui convient. Elle davantage Lady Heineken que Veuve Cliquot, très piquante dans ses pointes de vulgarité bien dosée, véritable meneuse de revue qui n'a pas oublié ses origines populaires ; schwarzkopfistes impénitents s'abstenir ! La chanteuse évolue certes en territoire ennemi, un peu comme dans ses Mozart en début de carrière : les nuances piano lui coûtent dans l'aigu, l'émission et le phrasé se contraignent, l'intonation hésite, mais le timbre est somptueux dès que la musique plus véhémente du deuxième acte le libère. Et puis, essayez donc de résister à une pareille nature ! Valencienne, propre et charmante, fait trois tours de piste sans se faire remarquer (un peu plus de cristal dans la voix l'y aurait sans doute aidée), Stephan Genz, réduit à jouer les jolis garçons, n'a guère l'occasion de montrer quel merveilleux chanteur de lieder il est aussi, et il faut toute la musicalité de Michael Shade, tout le métier comique de Waldemar Kmentt pour résister à l'éclat aveuglant de cette Hanna et de son Danilo.



Vincent Agrech

 

 

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