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Vienne, toujours…

Baden-Baden
Festspielhaus
10/29/2009 -  et 25 (Milano), 28 (Vaduz) octobre 2009
Franz Schubert : Symphonie N° 2 D. 125
Ludwig van Beethoven : Symphonie N° 3 op. 55 «Héroïque»

Wiener Philharmoniker, Georges Prêtre (direction)


G. Prêtre (© Andrea Kremper)


Courte tournée automnale autour des Alpes pour l'Orchestre Philharmonique de Vienne, qui s’est produit successivement à Milan, Linz, Vaduz et finalement Baden-Baden, sous la direction de Georges Prêtre, et partout dans le même programme Beethoven/Schubert, à l’exception du Brucknerhaus de Linz, où une alternative héroïque (Heldenleben de Richard Strauss) a été préférée à la Symphonie N° 3 de Beethoven. Une belle occasion pour les célèbres « Philharmoniker » de retrouver un type de direction à laquelle ils semblent attachés (les apparitions de Georges Prêtre dans la saison d’abonnement du Musikverein sont relativement habituelles), mais qui nécessite sans doute l’entretien d’une certaine régularité dans la fréquentation, sous peine de flottements imprévisibles. Et ce d’autant plus que le monde entier s’invitera dans moins de deux mois au prochain Neujahrskonzert de Vienne, confié comme en janvier 2008 à un Georges Prêtre plus ingambe et vif que jamais, du haut de ses quatre-vingt-cinq printemps.


On n’attend pas, de toute façon, d’un partenariat de ce type un résultat conventionnel. Et mieux vaut, somme toute, que soit sollicité pour l’occasion un orchestre d’élite. L’acoustique fine et le confort visuel offerts par le Festspielhaus de Baden-Baden permettent de ne rien perdre de la vie organique d’une phalange qui pourrait presque fonctionner seule, grâce à l’impeccable hiérarchie qui gouverne chaque pupitre. Et quand la gestique de Georges Prêtre musarde, prend le temps d’inviter à l’écoute mutuelle ou souligne tel ou tel détail, certes joli, il est parfois amusant de constater l’effervescence que cela occasionne ici ou là, quand les musiciens s’efforcent d’éviter quelques fractures trop béantes, entre cordes et cuivres notamment. Une conception finalement très viennoise du « gemeinsam musizieren » (on fait de la musique davantage « de concert» que simplement « en concert »), avec des résultats difficilement prévisibles mais qui peuvent se révéler grisants.


De tels instants, cette soirée particulière a pu en offrir de très réussis, encore que plus fréquents dans les mouvements lents. Georges Prêtre glisse alors sa baguette sous la partition du Konzertmeister, pour attaquer la pâte orchestrale à mains nues, comme s’ils s’agissait de rendre sa direction encore plus souple (les malveillants diraient sans doute : encore moins précise, mais qu’importe…). La Marcia funebre de la Symphonie Héroïque, dirigée sans hâte (un euphémisme, sans doute), paraît hors du temps, acquiert une dimension véritablement universelle. Par des chemins détournés ce Beethoven retrouve une puissance expressive qu’une direction délibérément massive (telle aujourd’hui celle d’un Christian Thielemann) pourrait obtenir aussi, mais au prix d’une lourdeur qui reste ici notablement absente. Les autres mouvements de la 3e Symphonie, parfois un rien hasardeux dans des développements, qui perdent leur idée directrice à mesure que l’on avance, sont moins remarquables, laissant davantage de place au simple émerveillement suscité par la poésie des instruments viennois (dont quatre cors extraordinaires et un hautbois dont le nasillement bucolique reste une véritable curiosité). Dommage simplement qu’un effectif de cordes pléthorique masque parfois ces singularités : un peu de transparence supplémentaire n’aurait pas été de trop.


Pour la rare 2e Symphonie de Schubert de début de concert, donnée en formation plus réduite, l’équilibre paraît meilleur, et surtout le niveau plus homogène. Il s’agit d’une musique d’ambitions modestes, où le jeune Schubert abuse de formules toutes faites qui paraissent souvent sortir d’un opéra italien, mais où Georges Prêtre et ses partenaires viennois évoluent avec un plaisir communicatif. Point culminant à nouveau lent : un délectable Andante à variations, succession de moments d’extase instrumentale, juxtaposés comme les sublimes mignardises alignées sur le comptoir de la pâtisserie Dehmel à Vienne, et dont rien que l’étalage méthodique, presque à l’infini, fait déjà chavirer les sens. Une entrée de concert à base de pures spécialités viennoises, en quelque sorte, mais à ce titre absolument exceptionnelle.


Inoubliable aussi, la sortie, mais pour des raisons moins respectables : l’incontournable Première Danse hongroise de Brahms façon Georges Prêtre, plus déhanchée et démantibulée que jamais. Dans le genre fin de nuit d'ébriété à Budapest on ne peut pas faire mieux, ou pire, selon les goûts.



Laurent Barthel

 

 

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