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Korngold chambriste

Paris
Amphithéâtre Bastille
10/08/2009 -  
Hanns Eisler : Quaatuor à cordes op. 75
Erich Wolfgang Korngold : Quatuor n°2 en mi bémol majeur op. 26 – Suite pour deux violons, violoncelle et piano main gauche op. 23

Henri Sigfridsson (piano), Quatuor Aron: Ludwig Müller, Barna Kobori (violon), Georg Hamann (alto), Christophe Pantillon (violoncelle)


H. Sigfridsson (© Studio Heikki Tuuli)


Belle idée que celle d’accompagner l’entrée à l’Opéra de La Ville morte (lire ici) d’une exposition et d’une intégrale de la musique de chambre de Korngold. Le compositeur a laissé là, comme ailleurs, une œuvre originale et personnelle, où les influences subies s’avouent et se transcendent. Dans le Deuxième Quatuor (1934), la cellule rythmique de l’Allegroinitial vient tout droit de la Cinquième Symphonie de Beethoven, l’Intermezzo, allegro non troppo rappelle avec humour la musique populaire ou le cabaret, le Larghetto ne peut cacher le clin d’œil à Strauss… et pourtant il y a une patte, une marque de fabrique. Composée à l’intention de Paul Wittgenstein, comme le Quintette (1921) et le Concerto pour piano (1923), la Suite pour deux violons, violoncelle et piano main gauche (1930), s’enracine dans Vienne, à travers le charme d’une valse un peu fantomatique (Walzer) ou le sentimentalisme d’un Lied rappelant La Ville morte, alors que le thème des Variations finales présente plutôt une allure brahmsienne.


Le Quatuor Aron se montre très inspiré, remarquable à la fois d’homogénéité et de clarté dans des partitions très construites où les lignes doivent rester visibles, sans renier ces racines viennoises qu’il partage avec Korngold. On les sent à la fois dans leur jeu et dans leur sonorité, ronde et chaude – ils ont d’ailleurs travaillé sous la férule du Quatuor Alban Berg. Mais leur interprétation n’en reste pas moins très rigoureusement structurée, notamment dans les Variations finales de la Suite, dont le Groteske prend, chez eux, des accents dignes de Mahler ou de Chostakovitch. Cette Suite doit beaucoup à leur partenaire, le pianiste finlandais Henri Sigfridsson, stupéfiant de puissance et de générosité dès la cadence introductive du Prélude et fugue initial, qui fait d’ailleurs penser à celle du début du Concerto pour la main gauche de Ravel. La sonorité n’est pas pour autant monochrome, elle reste très timbrée, richement colorée dans le Walzer.


Le concert commençait avec le Quatuor (1938) de Hanns Eisler, qui, allemand et communiste, s’exila dès 1933 alors que Korngold fut rappelé à Hollywood deux mois avant l’Anschluss : une partition écrite à New York, au dodécaphonisme habité, très dramatique, où le travail sur la forme s’accompagne de recherches sonores, visiblement difficile d’exécution. Les Aron y témoignent de la même aisance, notamment dans le Finale, où la musique prend grâce à eux des allures de fuite en avant, de chevauchée fantastique.


On ne manquera à aucun prix les deux prochains concerts du cycle, les 26 octobre et 5 novembre, tout en regrettant une fois de plus que les présentations de Christophe Ghristi ne soient pas complétées par un programme digne de ce nom.


Le site du Quatuor Aron
Le site d'Henri Sigfridsson



Didier van Moere

 

 

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