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Ariane transfigurée

Strasbourg
Opéra du Rhin
03/05/1999 -  et 7, 9, 19, 23, 21*, 25, 27, 30 mars 1999
Richard Strauss : Ariane à Naxos
Allison-Elaine Cook (le compositeur), Lisa Gaasten (Ariane), Patricia Petibon (Zerbinette), Richard Brunner (Bacchus), Stephan Genz (Arlequin)
Orchestre Symphonique de Mulhouse, Daniel Inbal (direction musicale)
Uwe Eric Laufenberg (mise en scène)

S’éloignant de la tradition néo-classique qui caractérise d’ordinaire Ariane à Naxos, Uwe Eric Laufenberg a choisit de situer sa mise en scène à l’époque de la création de l’opéra. Dans un superbe décor Art Nouveau, où marbres et dorures s’épanouissent harmonieusement, les personnages évoluent avec aisance et énergie, générant un mouvement constant dans cette évocation du théâtre au coeur du théâtre. L’héroïne antique ne se morfond plus sur un rocher solitaire mais sur une plage où Naïade, Dryade et Echo se promènent en costume de bain début de siècle. Les comparses de Zerbinette évoquent davantage les Comedian Harmonist que la commedia dell’arte et l’actrice est une proche cousine des jeunes femmes offrant facilement leurs charmes le long des allées du Prater viennois. Adaptation audacieuse donc, et pourtant d’une justesse incroyable puisqu’elle met en relief le contexte qui a donné naissance à l’oeuvre. Malgré leur admiration pour le passé, ni Strauss, ni Hofmannsthal ne pouvaient en effet échapper à leur époque…

Dans ce cadre particulièrement fluide, les chanteurs peuvent donner libre cours à leur fantaisie ou à leur inspiration, laisser leur voix flotter sur la musique, sans contrainte aucune. Aubaine dont profite particulièrement Patricia Petibon, Zerbinette acrobatique et pétillante. Se jouant des difficultés mélodiques, la soprano maîtrise l’art de la nuance dramatique, faisant de son personnage un être en demi teinte, partagé entre une douloureuse amertume et un amour inconditionnel de la vie. Plus mesuré puisque tel est son rôle, Ariane promène sa dignité outragée avec beaucoup de noblesse. Opulent et assuré, le traitement musical est sans reproche à défaut d’être inoubliable. Convaincante quant à l’incarnation, la jeune Allison-Elaine Cook (25 ans) arbore un joli timbre encore un peu dur dans les aigus. Le temps, on l’espère, contribuera à lisser et à arrondir les angles saillants de l’émission. Le reste de la distribution est de bonne facture, couronnant un spectacle particulièrement réussi même si l’orchestre tend parfois trop vers trop de pâleur. Celle-ci ne sied ni au thème de l’opéra, ni au style straussien.



Constance Muller

 

 

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