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100% Prokofiev

Paris
Salle Pleyel
12/21/2007 -  
Serge Prokofiev : Automne, opus 8 – Concerto pour piano n° 3, opus 26 – Roméo et Juliette, opus 64 (extraits)

Jean-Efflam Bavouzet (piano)
Orchestre philharmonique de Radio France, Vladimir Ashkenazy (direction)


Au sein du volet slave de la saison de l’Orchestre philharmonique de Radio France, Prokofiev est particulièrement bien représenté. Deux soirées lui sont même intégralement consacrées: avant celle du 18 janvier, confiée à Guennadi Rojdestvenski, Vladimir Ashkenazy, vêtu de son inséparable col roulé blanc, dirige un programme couvrant trois périodes successives de l’oeuvre du compositeur russe.


C’est l’occasion d’entendre la rare esquisse symphonique Automne (1910) – parfois aussi appelée Automnale – brève page de jeunesse témoignant d’une fugace influence «impressionniste», à laquelle Prokofiev tenait toutefois suffisamment pour la réviser ensuite à deux reprises (1915 et 1934). Evgueni Kissin devait être le soliste du Troisième concerto (1921): souffrant, il est remplacé par Jean-Efflam Bavouzet, plus fin que puissant, pour autant qu’on puisse en juger depuis les places à la visibilité limitée et à l’acoustique médiocre dévolues aux spectateurs auxquels l’accès de la salle a été refusé alors même que le spectacle n’était pas commencé. Rappelant que Prokofiev tenait la musique de Debussy pour «invertébrée» (1), Bavouzet s’applique avec humour à démontrer le contraire dans son bis, La Puerta del vino, extrait du Second livre (1912) des Préludes.


Comme tous les chefs, Ashkenazy opère son propre choix parmi les plus de deux heures que dure la partition de Roméo et Juliette (1936), mais plutôt que de panacher les trois Suites que Prokofiev en tira lui-même, il se fonde sur le ballet proprement dit, respectant la chronologie de l’action et insistant davantage sur son caractère dramatique que chorégraphique, son interprétation semblant d’ailleurs moins convaincante dans les pièces plus spécialement dansantes (lourdeur de Masques). Cette large sélection (trois quarts d’heure) n’omet pas les moments les plus célèbres (L’Ordre du duc, Danse des chevaliers, Combat, Funérailles de Tybalt, Funérailles de Juliette), encore que l’on puisse déplorer l’absence de ces portraits que le compositeur n’a pas son pareil pour brosser en quelques notes (La jeune Juliette, Frère Laurent) ainsi que la manière inhabituellement abrupte dont débute la Scène d’amour.


Généreuse et lyrique, un tantinet brouillonne et appuyée, la direction d’Ashkenazy accentue le caractère sombre du propos, avec des cordes graves particulièrement fournies: le tempo est souvent plus lent qu’à l’habitude, mais la passion fait rarement défaut et les effets qu’il obtient se révèlent le plus souvent très impressionnants. Chaleureusement applaudi par les musiciens, il a pu se fonder sur un Philhar’ en bonne forme, duquel se détachent les soli de cornet aussi précis que magnifiquement timbrés de Gilles Mercier.


Mais ce dernier concert de l’année aura apporté une émotion supplémentaire, car il marquait le départ en retraite de deux piliers du pupitre des cors, Jean-Claude Barro, quatrième solo, et Paul Minck, deuxième solo: membres de la formation respectivement depuis sa fondation en 1976 (et même dès 1968 de l’Orchestre radio-lyrique) et depuis 1977, ils ont donc contribué à son ascension exceptionnelle, notamment sous la férule de Marek Janowski. A ce titre, le mélomane parisien leur doit un hommage sincère et une profonde reconnaissance pour tous les bonheurs qu’ils lui ont offerts.


(1) Ce que confirme la monographie de Michel Dorigné (Fayard, 1994): «C’est de la tête de veau ou des pieds de veau en aspic. C’est de la gélatine. De la musique invertébrée!». Il ajoutait cependant: «C’est de la gelée très personnelle et le fabricant sait ce qu’il fait!».



Simon Corley

 

 

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