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Le retour de Salonen

Paris
Salle Pleyel
11/06/2007 -  et 12, 13, 14 octobre (Los Angeles), 1er novembre (London) 2007
Jean Sibelius : Le Retour de Lemminkäinen, opus 22 n° 4 – Symphonie n° 2, opus 43
Esa-Pekka Salonen : Wing on wing (création française)

Anu Komsi, Cyndia Sieden (sopranos)
Los Angeles Philharmonic, Esa-Pekka Salonen (direction)


Précédant de peu la Première symphonie, la Suite de Lemminkäinen constitue, de même que Kullervo, un complément indispensable à la connaissance de l’univers sibélien: pour la seconde, les moyens vocaux requis, en particulier un chœur d’hommes, rendaient indéniablement difficile sa programmation, mais il est dommage que la première n’ait été représentée que par son ultime volet, Le Retour de Lemminkäinen (1896/1900), alors que les trois précédents, dont le fameux Cygne de Tuonela, auraient sans doute pu s’intégrer, quand bien même séparément, aux quatre concerts de ce cycle proposé Salle Pleyel par l’Orchestre philharmonique de Los Angeles et son directeur musical, Esa-Pekka Salonen. Les regrets sont d’autant plus vifs que le chef finlandais aborde cette chevauchée fantastique à un train d’enfer, avec une énergie qui ne nuit en rien à la transparence de la réalisation.


Destiné à l’inauguration de la nouvelle salle conçue par Frank Gehry à Los Angeles (Walt Disney concert hall), Wing on wing (2004) de Salonen, donné ici en création française sous le regard amical de Kaija Saariaho, fait référence, par son titre, à la structure du bâtiment et travaille sur la spatialisation: à l’avant-scène, un contrebasson côté jardin et une clarinette contrebasse côté cour; deux coloratures qui interviennent depuis différents points du plateau et de la salle; deux percussionnistes qui les rejoignent un temps au premier balcon; des haut-parleurs à l’arrière de l’orchestre, diffusant les sons – voix de l’architecte, chant (?) des bancs de porichtys notatus (poissons des eaux californiennes) – générés par un échantillonneur déclenché par la musicienne tenant la partie de célesta. Tout ça pour ça? Car la musique, habile et narcissique, consistant en une synthèse un peu bavarde de bon nombre de styles du siècle passé, de Debussy à Reich en passant par Holst, Messiaen ou Berio, n’a que peu à voir avec la densité, la rigueur et la concentration de celle de Sibelius, nonobstant la conviction qu’y mettent les interprètes, à commencer par les vocalises planantes d’Anu Komsi et Cyndia Sieden, délicieuses sirènes debussystes aux robes turquoise et tilleul.


Sept symphonies en quatre concerts: il fallait que l’un d’entre eux ne comporte qu’une symphonie et c’est donc la Deuxième (1902), la plus développée, qui concluait celui-ci. La veille, Salonen avait dérouté dans la Cinquième (voir ici), mais cette Deuxième aura semblé mieux venue, sans qu’il ait pour autant renoncé à ses principaux choix interprétatifs: ampleur, respiration, liberté et sens dramatique, direction téléologique qui parvient en même temps à mettre en valeur les aspérités et les heurts de l’écriture (avec un Andante particulièrement rhapsodique) aussi bien que sa virtuosité (Scherzo une de fois plus époustouflant). Et, autant la péroraison de la Cinquième avait pu paraître excessivement alanguie, autant le lent cheminement vers une conclusion grandiose témoigne ici de la lutte caractérisant ce mouvement final que Marc Vignal qualifie si justement de «poème épique». L’avantage d’une telle série est de pouvoir saluer, concert après concert, les différents pupitres d’une formation décidément exemplaire, sous l’œil de l’un de ses deux assistant conductors, Lionel Bringuier: ce sera donc cette fois-ci le tour des cuivres, et notamment de la sonorité merveilleusement veloutée des trompettes.


Avec Salonen, pas de risque que la trop célèbre Valse triste (1903), offerte en bis, ne dévie vers d’inconvenants excès: la grâce, mais aussi la névrose, l’emportent donc sur le pathos.


Le site d’Anu Komsi



Simon Corley

 

 

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