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Concours de décibels

Zurich
Opernhaus
09/30/2007 -  et les 2, 4*, 7, 10, 14, 17, 19 et 24 octobre 2007
Umberto Giordano: Andrea Chenier

Micaela Carosi*/Raffaella Angeletti (Maddalena de Coigny), Judith Schmid (Bersi), Margaret Chalker (Contessa de Coigny), Cornelia Kallisch (Madelon), Salvatore Licitra*/Marcello Giordani (Andrea Chenier), Lucio Gallo (Carlo Gerard), Gabriel Bermudez (Roucher), Valeriy Murga (Mathieu), Martin Zysset (Incredibile), Morgan Moody (Fouquier Tinville), Kresimir Strazanac (Fleville), Andreas Winkler/Deniz Yilmaz* (Abate), Giuseppe Scorsin (Schmidt), Michael Adair (Maestro di casa), Murat Acikada (Dumas)
Chœur de l’Opernhaus de Zurich, Jürg Hämmerli (direction), Orchestre de l’Opernhaus, Nello Santi (direction musicale)
Grischa Asagaroff (mise en scène), Reinhard von der Thannen (décors), Martin Gebhardt (lumières), Stefano Giannetti (chorégraphie)


Les partitions véristes ne connaissent-elles que le triple fortissimo comme seule nuance? C’est, apparemment, ce que pensent les protagonistes d’Andrea Chenier à l’Opernhaus de Zurich, première nouvelle production de la saison 2007-2008. Sur scène ou dans la fosse, tous se livrent à un véritable concours de décibels. A commencer par Salvatore Licitra qui, dans le rôle-titre, ne fait qu’hurler et forcer la voix, avec pour résultat des aigus extrêmement serrés et des problèmes d’intonation. La caractérisation du personnage est aussi des plus sommaires: son Chénier ne connaît que l’ardeur et la passion, très bien, mais où sont les doutes et la sensibilité du poète? Lucio Gallo en Gérard chante tout aussi fort que son confrère, mais parvient lui, grâce à une présence scénique autrement plus convaincante, à rendre l’ambivalence du rôle, notamment dans son grand air du troisième tableau (Nemico della patria?). Les débuts à Zurich de Micaela Carosi étaient attendus avec impatience, tant une flatteuse réputation précède cette chanteuse. Elle n’a pas déçu, avec une belle voix de soprano dramatique et une ligne de chant bien conduite, malgré un vibrato déjà audible. Son plaidoyer face à Gérard, pour sauver Chenier, restera comme le moment le plus intense de la soirée. On retiendra aussi l’excellente prestation de Gabriel Bermudez en Roucher et l’émouvante Madelon de Cornelia Kallisch. A la tête de l’Orchestre de l’Opernhaus, Nello Santi dirige par cœur, comme à son habitude. Connaissant ce répertoire sur le bout des doigts, il sait maintenir la tension dramatique tout au long de la soirée, offrant une lecture de la partition différenciée, mêlant pathos et lyrisme; il ne réussit pas cependant à éviter les effets grandiloquents et a souvent tendance à faire jouer les musiciens beaucoup trop fort.


Les quatre tableaux de l’opéra se déroulent dans un décor unique (Reinhard von der Tannen) représentant un panthéon stylisé. La salle de bal, la rue, le tribunal ou le cachot sont suggérés tour à tour par des accessoires, tels que des divans, des tables ou un obélisque. Seuls les protagonistes sont personnalisés, alors que les nombreux figurants ne sont que des caricatures: les aristocrates sont poudrés à l’excès et portent des perruques extravagantes, le peuple est habillé d’un costume bleu blanc rouge qu’on dirait conçu pour Carnaval. Comme si le metteur en scène avait voulu renvoyer dos à dos les deux camps, l’un tout aussi grotesque que l’autre, pour se concentrer sur les destinées individuelles, opprimées dans ce climat de terreur révolutionnaire. Au final, une ouverture de saison qui laisse sur sa faim. On attend beaucoup plus des 13 autres nouvelles productions qui suivront.



Claudio Poloni

 

 

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