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Showman

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
05/16/2007 -  et 12 (Mannheim), 15 (Köln) mai 2007
Johannes Brahms : Symphonie n° 1, opus 68
Igor Stravinski : Le Chant du rossignol
Maurice Ravel : Daphnis et Chloé (Seconde suite)

New York philharmonic, Lorin Maazel (direction)


Sept ans: malgré de récentes tournées en Europe (2005) et en Italie (2006), la dernière visite à Paris de l’Orchestre philharmonique de New York remonte à juin 2000, avec son directeur musical d’alors, Kurt Masur. Mais cette fois-ci, après Varsovie, Budapest, Vienne et Francfort, et avant Luxembourg, il s’arrête au Théâtre des Champs-Elysées pour donner le même programme qu’au cours de ses précédentes étapes à Mannheim et à Cologne. Tant mieux, car la comparaison s’annonce passionnante avant le défilé de prestigieuses phalanges américaines (Boston, Chicago, Los Angeles, Cincinnati) qui se déroulera la saison prochaine à Pleyel.


Sept ans: s’il s’était certes présenté comme violoniste en janvier 2001 aux Champs-Elysées, en récital avec Yefim Bronfman, Lorin Maazel n’était pas apparu dans la capitale en tant que chef depuis mai 2000, à l’occasion de son soixante-dixième anniversaire, que l’Orchestre de Paris avait célébré en lui confiant deux programmes successifs (voir ici), dont l’un comprenait déjà… la Première symphonie de Brahms et une page de Stravinski.


Rien d’étonnant, dès lors, après une si longue absence, que le retour conjoint de l’orchestre et de celui qui en est le directeur musical depuis 2002 ait occasionné une si remarquable affluence, d’autant que Maazel conserve visiblement une place de choix dans le cœur du public parisien, même si sa biographie continue d’entretenir un lourd silence sur les années passées à la tête de l’Orchestre national de France (1977-1990). Mais le chef américain, n’ayant rien perdu de son charisme de showman, y met aussi du sien, avec son site personnel à l’adresse flamboyante (maestromaazel.com), son podium plus haut qu’à l’ordinaire, dominant les musiciens, privés quant à eux de gradins et ainsi tous placés sur le même plan, sa manière de faire démarrer la musique par surprise, à peine les derniers applaudissements éteints, et, surtout, sa baguette, personnelle, hautement subjective, parfois trop complaisante.


De ce point de vue, les récents échos de l’activité de Maazel à New York, reçus au travers de la série de DG concerts exclusivement téléchargeables (voir ici), pour la plupart décevants, suscitaient de fortes inquiétudes. Magie du concert? Elles s’évanouissent dès le début de la Première symphonie (1876) de Brahms, tant est stupéfiante la rondeur de sonorité qu’il parvient à imposer dans la salle de l’avenue Montaigne. Mais ce souci de cultiver le beau son ne nuit en rien à la dynamique et à la progression de l’Allegro, magnifiquement conduit (sans sa reprise), violent et spectaculaire, aux attaques aussi cinglantes que précises. L’Andante sostenuto, lent et hédoniste, n’en chante pas moins avec générosité et, malgré quelques alanguissements suspects, demeure de bonne tenue, conclu par un beau solo de Glenn Dicterow, inamovible premier violon solo (depuis 1980!). Après un confortable Un poco allegretto e grazioso, Maazel, avec sa formidable intuition dramatique et au prix de tempi très fluctuants, met en valeur le côté narratif du vaste mouvement final, parachevant une interprétation certes extérieure, mais parfaitement cohérente dans son genre.


Le Philharmonique de New York, dont on remarque la moyenne d’âge assez élevée, la forte féminisation et, pour les hommes, la chemise noire à col cassé portée sur le pantalon, témoigne du haut degré de professionnalisme des formations américaines, tant en termes instrumentaux (magnifique cohésion des différents pupitres de cordes, cors envahissants à force de somptuosité) que de qualité d’écoute entre musiciens.


Bien qu’âgé de soixante-dix-sept ans seulement, Maazel, compte tenu de ses débuts précoces, est l’un des rares dans la profession à pouvoir se targuer de près de… soixante-dix ans d’expérience. Et sa légendaire technique trouve à s’employer dans Le Chant du rossignol (1917) de Stravinski – avec un ensemble d’une grande sûreté, réagissant au doigt et à l’œil, mais aussi à nouveau des soli superbes, comme cette trompette idéalement lyrique et moelleuse – en même temps que son non moins légendaire sens du spectacle: s’intéressant davantage aux effets, au besoin tapageurs, qu’à la modernité d’une œuvre pourtant postérieure au Sacre du printemps, il y cherche – et il y trouve – les séductions chatoyantes de L’Oiseau de feu.


La Seconde suite de Daphnis et Chloé (1912) s’abandonne à une opulence et à un narcissisme tels qu’elle a davantage à voir avec Korngold qu’avec Ravel. Même la Danse générale conclusive s’impose davantage par sa puissance que par son élan, tandis que la Pantomime, ralentie jusqu’aux limites du soutenable, contraint le flûtiste Robert Langevin à des prouesses de souffle.


Cédant malheureusement à la facilité et au mauvais goût, les bis – deux des Danses hongroises de Brahms, la Première puis la Cinquième, obérées par d’invraisemblables contrastes de tempi, puis la Farandole concluant la Seconde suite de L’Arlésienne (1872) de Bizet, pesante et martiale – dérapent comme autant de propos de fin de banquet mais confirment que le Philharmonique de New York est prêt, comme les spectateurs, à suivre Maazel jusqu’au bout du monde. Ou, en tout cas, jusqu’en 2009, fin de son mandat, ayant lui-même ouvert sa propre succession voici quelques semaines en proposant le poste à Daniel Barenboim, lequel a décliné cette offre inhabituellement rendue publique.


Le site de l’Académie de l’Orchestre philharmonique de New York
Le site de Lorin Maazel



Simon Corley

 

 

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