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Un Allemand à New York

Paris
Salle Pleyel
11/11/2006 -  
Samuel Barber : Adagio, opus 11
George Gershwin : Rhapsody in blue
Charles Ives : Three places in New England
George Gershwin/Robert Russell Bennett : Porgy and Bess, a symphonic picture

Fazil Say (piano)
Orchestre national de France, Kurt Masur (direction)


L’Orchestre national de France et son directeur musical manifestent un indéniable sens du service public en assurant, en ce 11 novembre, la continuité de la vie musicale parisienne: ainsi qu’ils l’avaient déjà fait pour le jeudi de l’Ascension (voir ici), et avec le même succès public, ils ont proposé – Salle Pleyel, une fois n’est pas coutume – un concert festif, mêlant le «sérieux» et le «léger», et ce dans un répertoire 100% américain où l’on n’aurait pas nécessairement attendu Kurt Masur s’il n’avait passé, avant de rejoindre Paris, onze ans à la tête de l’Orchestre philharmonique de New York.


Débutant par l’Adagio (1936) de Barber, il évite les écueils – entre sentimentalisme et, au contraire, excès de prudence – tout en obtenant, dans un tempo plutôt allant, une expression intense et recueillie ainsi qu’une belle sonorité des cordes.


Avec Cyprien Katsaris ou Emile Naoumoff, Fazil Say constitue une survivance du mythe du pianiste compositeur, avec ses excentricités mais aussi sa manière de s’approprier librement les partitions des autres, que ce soit dans une brillante fantaisie sur Summertime qu’il donne en bis ou dans son approche pour le moins personnelle de Rhapsody in blue (1924): passée au crible d’une démonstrativité capricieuse et d’inhabituelles études de sonorité, il en reste quelques idées intéressantes, notamment la mise en valeur de ce qu’elle doit à la virtuosité lisztienne. Masur a beau avoir dirigé le pianiste turc dans un enregistrement de l’œuvre paru voici quelques années chez Teldec, il se meut dans un univers différent, tour à tour massif et grandiose, sucré et appuyé, où le moindre effet (glissando, sourdine wha-wha, …) est surligné.


Ives demeure encore rare à l’affiche, alors qu’il est généralement reconnu comme un précurseur de la modernité, à défaut d’en avoir été l’un des théoriciens, et bien que son inspiration soit profondément ancrée dans la tradition américaine, tant musicale que littéraire ou historique. De ce fait, bien qu’antérieurs aux trois autres partitions de cette soirée, les Three places in New England (1914) se révèlent nettement plus audacieux et complexes. Sans posséder la fulgurance des deux dernières symphonies, de Central Park in the dark ou de The unanswered question, ce triptyque, avec la poésie étrange de ses deux volets extérieurs et la spectaculaire superposition de fanfares de son volet central, trouve en Masur un interprète convaincant. Si la richesse de la polyphonie ne ressort pas toujours clairement dans le redoutable Putnam’s camp, il parvient en revanche à suggérer des atmosphères d’une grande subtilité, expressionniste dans The «Saint-Gaudens» in Boston Common et impressionniste dans The Housatonic at Stockbridge.


Gershwin a lui-même tiré une suite de son Porgy and Bess (1935), mais A symphonic picture, «résumé symphonique» d’un quart d’heure réalisé cinq ans après la mort du compositeur par Robert Russell Bennett (1894-1981), s’est par ailleurs imposé, tant l’orchestrateur de quelques-uns des plus grands musicals (Show boat, Oklahoma!, Carmen Jones, Kiss me Kate, South Pacific, My fair lady, The Sound of music…) y démontre ici aussi un solide métier. Puissante et carrée, la direction de Masur laisse également les cordes s’exprimer en de généreux vibratos, et comme tout le monde semble bien s’amuser, sur scène aussi bien que dans la salle, ce court programme s’achève par la reprise des dernières pages de cet arrangement.


Le site de Kurt Masur
Le site de Fazil Say
Les trois lieux évoqués par Ives dans ses Three places in New England: The «Saint-Gaudens» in Boston Common, Putnam’s camp et The Housatonic at Stockbridge



Simon Corley

 

 

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