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La Tosca des stars

London
Covent Garden
06/16/2006 -  et 20, 22, 23, 26, 27, 29 juin, 1er*, 3, 5, 8 juillet 2006
Giacomo Puccini: Tosca
Angela Gheorghiu*/Catherine Naglestad (Floria Tosca), Marcelo Álvarez*/Nicola Rossi Giordano/Fabio Armiliato (Mario Cavaradossi), Bryn Terfel*/Samuel Ramey (Scarpia), Enrico Facini*/Gregory Bonfatti (Spoletta), Carlo Cigni (Cesare Angelotti), Graeme Danby*/Enrico Fissore (Un sacristain), Robert Gleadow (Sciarrone), Jamie Manton*/Ben Lewis (Un berger), John Morrissey (Un geôlier)
Chœur du Royal Opera House, Renato Balsadonna (préparation), Orchestre du Royal Opera House, Antonio Pappano*/Paul Wynne Griffiths (direction musicale)
Jonathan Kent (mise en scène), Paul Brown (décors), Mark Henderson (lumières)


Prenez trois stars de l’opéra au sommet de leur art, ajoutez un chef passionné par la musique qu’il dirige, faites mijoter le tout dans une bonne vieille casserole et vous obtiendrez la recette de la nouvelle production de Tosca à Covent Garden. Le repas servi vaut-il 3 étoiles? Pas si sûr, mais ne faisons pas la fine bouche: il est en tout cas bien supérieur à la moyenne de la cuisine lyrique internationale d'aujourd'hui.


Après 38 reprises et 242 représentations, le Royal Opera House a décidé de remplacer la production légendaire de Franco Zeffirelli, créée en 1964 pour Maria Callas, en faisant appel à Jonathan Kent, qui signe un spectacle en fin de compte pas très éloigné de celui de son prédécesseur. Les décors conçus par Paul Brown restent très réalistes et classiques, avec comme seule nouveauté une crypte au 1er acte, qui permet de situer l’action sur deux niveaux. La mise en scène à proprement parler se veut elle aussi des plus traditionnelles, Tosca étant, pour tous les théâtres du monde, une œuvre qui doit rester à l’affiche le plus longtemps possible et accueillir un nombre considérable de chanteurs invités.


On l’aura compris, l’intérêt majeur de ce spectacle réside dans la prise de rôle d'Angela Gheorghiu, qui interprète pour la première fois Tosca sur scène après l’avoir incarnée dans le film de Benoît Jacquot et avoir chanté le deuxième acte à New York l’année dernière. Si la chanteuse convainc entièrement au premier acte, dans le rôle de la femme jalouse, ainsi qu’au troisième, en femme amoureuse, le deuxième, celui dans lequel tout se joue, laisse par contre le spectateur sur sa faim. Certes, Angela Gheorghiu a des moyens vocaux exceptionnels, une voix riche en couleurs, elle chante bien, elle chante beau, mais à aucun moment son personnage ne procure des frissons, jamais on ne sent sa Tosca en danger, réfugiée dans ses derniers retranchements, prête à tout pour sauver sa vie et celle de son amant. Dans une déclaration à l’emporte-pièce dans la presse anglaise, la diva roumaine a déclaré que Maria Callas n’avait pas compris le rôle de Tosca. Mais l’a-t-elle elle-même saisi? En tout état de cause, cette série de représentations londoniennes ne permet pas de répondre à la question. Wait and see donc, peut-être que la deuxième tentative nous en dira plus.


Bryn Terfel dispose lui aussi de ressources vocales hors du commun, qui lui permettent de camper un Scarpia sadique et brutal à souhait. On regrettera simplement que sa conception du personnage reste superficielle, sans cynisme ni esprit manipulateur. En fin de compte, le seul à tirer entièrement son épingle du jeu est Marcelo Alvarez, qui, après son Manrico du Trouvère à Parme il y a deux mois, se lance dans une nouvelle prise de rôle. Son Cavaradossi frise l’idéal, tant il est fougueux et sensuel, la voix ayant gagné en ampleur et en rondeur. Dans la fosse, Antonio Pappano, en spécialiste de Puccini, offre une lecture ardente de la partition, qui exalte le contraste des couleurs et les récurrences thématiques. Au rideau final, des ovations soutenues accueillent tous les artistes, les spectateurs anglais se régalant manifestement de démentir bruyamment la réputation de flegmatiques qui leur colle à la peau.



Claudio Poloni

 

 

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