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Vaste programme

Paris
Maison de Radio France
10/14/2005 -  
Mario Castelnuovo-Tedesco : Concertino pour harpe
Heitor Villa-Lobos : Quatuor n° 3 – Sextuor mystique

Philippe Pierlot (flûte), Pascal Saumon (hautbois), Patrcik Messina, Gilbert Monier (clarinette), Jean-Marc Volta (clarinette basse), Jean-Yves Fourmeau (saxophone alto), Isabelle Perrin (harpe), Franz Michel (célesta), Jean-Pierre Desveaux (guitare), Sarah Nemtanu, Florence Binder (violon), Theodor Coman (alto), Pierre Vavasseur (violoncelle)


Le deuxième week-end «Porte ouverte» de la saison de Radio France s’intitule «Musique et nature». «Vaste programme», comme aurait dit de Gaulle, d’autant que, comme à l’habitude, ces spectacles gratuits couvrent un champ très large, allant des musiques traditionnelles (Japon, en l’occurrence) à Piazzolla, en passant par la création (!) d’un oratorio de Hasse et la présence, à deux reprises, du Quatuor Prazak. Le succès est toujours au rendez-vous, avec un studio Sacha Guitry où pas une place ne restait libre pour entendre ce concert d’ouverture, offert par les solistes de l’Orchestre national de France.


Le lien du Concertino pour harpe (1937) de Mario Castelnuovo-Tedesco, compositeur italien (naturalisé américain) un peu oublié de nos jours, avec la thématique du week-end n’était pas explicite, mais cette partition de dix-sept minutes possède indéniablement un caractère pastoral et idyllique, notamment dans sa première partie. L’instrumentation sort des nomenclatures traditionnelles (quatuor à cordes, deux clarinettes et clarinette basse) mais n’en évoque pas moins Introduction et Allegro de Ravel, d’autant que son écriture charmeuse, mêlant tournures modales et gammes par tons, n’en est pas non plus très éloignée. Plus en avant dans la seconde partie, où de nombreux soli lui sont réservés, la harpe, avec la main frappant sur le cadre, mène une valse au parfum étrangement Mitteleuropa.


L’Orchestre national renouait ensuite avec l’une des grandes pages de son histoire, car c’est avec lui que Villa-Lobos a gravé, dans les années 1950, l’essentiel de son legs discographique. A la veille d’une soirée au cours de laquelle la formation, en grand effectif, donnera notamment La Forêt d’Amazonie, les musiciens interprétaient son Troisième quatuor (1916). Comme Beethoven, Villa-Lobos a laissé dix-sept quatuors, mais la comparaison s’arrête là, car il ne visait pas à révolutionner le genre mais simplement à en faire un vecteur d’expression parmi d’autres du flux incessant de musique qui coulait en lui.


Tant chronologiquement qu’esthétiquement, ce Troisième quatuor se situe entre Ravel et Janacek, débutant par un Allegro non troppo sage, un peu engoncé, où Villa-Lobos paraît s’essouffler à vouloir entrer dans le moule traditionnel. Mais c’est également l’époque (celle du ballet Uirapuru) où, imprégné des origines indiennes et des rythmes de son pays, il commence à se forger une personnalité originale, dans un style dont la simplicité anticipe sur les années 1920, avec un Molto vivo presque entièrement en pizzicato et un Allegro con fuoco final énergique et rythmé. Très développé, le Molto adagio confie au violoncelle, souvent privilégié chez Villa-Lobos, un long chant, repris ultérieurement par le premier violon et attestant d’une qualité d’inspiration mélodique qui est l’une de ses marques de fabrique.


D’un seul tenant (sept minutes) et destiné à un ensemble totalement inédit (flûte, hautbois, saxophone alto, harpe, guitare et célesta), le Sextuor mystique (1917) montre Villa-Lobos débarrassé de toute contrainte de forme et choisissant des couleurs neuves, comme il le fera encore dans son Quarteto simbolico pour flûte, saxophone alto, harpe, célesta et voix de femmes. Son «mysticisme», on n’en sera pas surpris, n’est pas celui de Bruckner, mais suggère bien davantage, dans un raffinement instrumental constant, les incantations primitives ou les airs populaires qui formeront, quelques années plus tard, la trame des Chôros.



Simon Corley

 

 

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