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Un bijou d’opéra

Paris
Opéra Bastille
09/24/2005 -  et 28 septembre, 1er, 8, 11, 14, 17, 20 octobre 2005
Paul Hindemith : Cardillac
Alan Held (Cardillac), Angela Denoke (Die Tochter), Hannah Esther Minutillo (Die Dame), Roland Bracht (Der Goldhändler), Stephen Gadd (Der Anführer des Prévoté), Christopher Ventris (Der Offizier), Charles Workman (Der Kavalier)
Orchestre et Choeurs de l’Opéra National de Paris, Kent Nagano (direction)
André Engel (mise en scène)


Inspiré d’une nouvelle de E.T.A. Hoffmann, Cardillac (1926) de Paul Hindemith (1895-1963) raconte la vie d’un orfèvre subjuguant la société par la qualité incomparable de ses pièces mais auxquelles il est tellement attaché qu’il assassine ses clients pour remettre la main dessus ! Parabole sur l’art (tout créateur cherche à séduire le public, mais n’y a-t-il pas, face à certains échecs, une tendance à le considérer comme indigne d’accéder à ses œuvres ?), l’opéra de Hindemith ouvre également une réflexion sur la justice (au lever du rideau la foule désigne des boucs émissaires, à la fin elle tue Cardillac, mais est-ce cela la justice !).


Créé en 1926 à Dresde puis remanié en 1952, l’Opéra de Paris a justement choisi de retenir la première version de l’œuvre, la plus concise (une heure et demi) et la plus intéressante sur le plan musical. Typique de la période de jeunesse du compositeur, la plus intéressante, Cardillac unifie deux tempéraments apparemment contradictoires : l’expressionnisme et l’objectivité. La tension, les rapides changements de climats, la mobilité de l’orchestre, certaines dissonances, sont typiques de l’expressionnisme alors en vigueur, mais celui-ci reste contrôlé et ne verse pas dans le côté angoissant ou vénéneux de Berg ou de Korngold. Car la clarté du geste, la rigueur de la structure, l’intelligibilité de la construction demeurent en permanence des vertus cardinales. Le génie d’orchestrateur de Hindemith s’exprime ici dans toute sa lumière.


A la tête d’un orchestre virtuose, Kent Nagano s’inscrit parfaitement dans cette problématique par sa précision, son sens des couleurs, sa vigueur rythmique. L’impeccable plateau vocal est dominé par le baryton Alan Held dans le rôle titre et par les sopranos Angela Denocke (sa fille) et Hannah Esther Minutillo (La Dame).


Au XVIIe siècle indiqué par le livret, le metteur en scène André Engel et son très talentueux décorateur Nicky Rieti ont préféré un hôtel des années 20 (qui fait penser au Théâtre des Champs-Elysées !), la période de la création de l’opéra, mais sans en changer le lieu : Paris ! L’intelligence théâtrale d’André Engel est remarquable, comme toujours, et fait de cette entrée au répertoire de l’Opéra de Paris une superbe soirée d’opéra, qui est même largement applaudie par le - d’habitude très froid - public de première, c’est dire !


Après le passionnant Cosi fan tutte présenté à Garnier Garnier (lire ici), voici une belle rentrée pour l’Opéra de Paris qui, en plus, nous gratifie du retour des distributions offertes aux spectateurs et dont nous avions, la saison dernière, dénoncé la disparition. Avec la baisse du prix du programme (qui passe de 11 à 10 euros), voici deux attentions positives envers le public, à peine compensées par l’introduction de panneaux publicitaires vantant une marque automobile japonaise dans le foyer de Bastille, mais peut être que le prix de la coupe de champagne va, lui aussi, baisser !





Philippe Herlin

 

 

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