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Szymanowski tous azimuts

Paris
Théâtre des Bouffes du Nord
06/05/2005 -  
Karol Szymanowski : Sonate pour piano n° 2, opus 21 (#) – Kolyanska, opus 52 (+) – Metopy, opus 29 – Slopiewnie, opus 46b

Iwona Sobotka (soprano), Dorota Anderszewska (+) (violon), Piotr Anderszewski, Aleksandar Madzar (#) (piano) – Ensemble instrumental: Juliette Hurel (flûte), Eric Cassen (hautbois), Michel Raison (clarinette), Régis Roy (basson), Hervé Joulain (cor), Svetlin Roussev, Dominique Lemonnier (violon), Jean-Paul Minali-Bella, Estelle Villotte (alto), Anssi Kartunen (violoncelle), Sylvain Le Provost (contrebasse), Piotr Anderszewski (piano), Diego Masson (direction)


A l’initiative de Piotr Anderszewski, les Bouffes du Nord proposent trois concerts intégralement consacrés à Karol Szymanowski (1882-1937), offrant l’occasion de faire le tour d’une riche production qui, il faut hélas le déplorer à nouveau, reste trop peu connue dans notre pays. Le deuxième programme en témoignait amplement, faisant la part aux trois périodes que l’on peut schématiquement distinguer dans l’œuvre d’une personnalité qui, comme Bartok, trouve finalement sa voie en se ressourçant de façon très personnelle au folklore de son pays.


Pour commencer, Aleksandar Madzar interprète la Deuxième sonate pour piano (1911), puissante, proliférante et hybride, encore tributaire à la fois de Rachmaninov et Scriabine, mais également de Reger, dans un immense second mouvement en forme de variations et fugue (à l’image de celui de la Deuxième symphonie, exactement contemporaine), tout en annonçant aussi bien Prokofiev que Hindemith.


En à peine quatre ans, l’évolution de Szymanowski, qui a découvert Debussy et Ravel, apparaît de manière particulièrement spectaculaire avec les Métopes (1915), contemporaines des Mythes, de la Troisième symphonie «Chant de la nuit» et du Premier concerto pour violon. Si cette manière «impressionniste», pulvérisant le discours, évoque une influence française, la dissolution de l’harmonie tient aussi de l’Ecole de Vienne. La variété de toucher dont fait preuve Piotr Anderszewski convient idéalement à la subtilité de l’écriture ainsi qu’aux couleurs chatoyantes de ces trois pièces qui, pour être éminemment pianistiques, n’en semblent pas moins appeler l’orchestre.


Entre-temps, Anderszewski et sa sœur Dorota avaient, avec la courte Kolyanska (Berceuse d’Aitacho Enia) (1925), montré comment, dans une ultime phase créatrice, le compositeur polonais aboutit à un style plus dépouillé et rugueux, qui sera celui de son Second quatuor ou de sa Quatrième symphonie. Première partition représentative de cette tendance «nationale», Slopiewnie (1921) permettait en outre une incursion dans le vaste corpus de mélodies laissé par Szymanowski: présenté dans l’instrumentation pour quintette à vent, sextuor à cordes et piano qu’il réalisa lui-même en 1928, ce cycle, malgré sa brièveté (onze minutes), n’en était pas moins servi par un ensemble ad hoc de luxe, comprenant notamment Juliette Hurel, Hervé Joulain, Svetlin Roussev ainsi qu’Anssi Kartunen et dirigé par Diego Masson. Si Saint François suggère déjà le Stabat Mater, les quatre autres miniatures, restituées avec intensité et précision par la soprano Iwona Sobotka, rappellent le raffinement des Chansons madécasses de Ravel en même temps que les incantations de Noces de Stravinsky.


Il reste à espérer qu’un tel succès public, contraignant les musiciens à bisser la dernière pièce, Wanda, incite artistes et organisateurs de concerts à penser plus souvent à Szymanowski.



Simon Corley

 

 

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