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Schumann écrivain et compositeur

Paris
Cité de la musique
04/08/2005 -  
Maurizio Kagel : Mitternachtsstük
Robert Schumann : Symphonie n° 1 «Le Printemps», opus 38 (*)

Klara Scordas (Die Sprecherin), Jean-Yves Ravoux (Prinz), Grégoire Fohet-Duminil (Gustav), Kristina Vahrenkamp (Selene)
Accentus, Denis Comtet (chef associé), Ensemble Intercontemporain, Orchestre de chambre d’Europe (*), Olari Elts (direction)


La Cité de la musique propose jusqu’au 10 avril un cycle de cinq concerts autour du thème «Kagel et le romantisme».
De fait, si elles sont truffées de références à l’histoire de la musique allemande, les œuvres de Kagel sont plus particulièrement marquées par la période romantique: Schumann, notamment, y a donc naturellement trouvé sa place, au travers d’un projet qui, malgré sa date de composition (1986), tient encore des happenings des décennies précédentes. Mais Mitternachtsstük (sic), sorte de cantate (?) d’une durée de trente-cinq minutes fondée sur quatre extraits aussi étrangement oniriques que poétiques de son Journal (1827-1838), s’inspire de l’écrivain, et non du compositeur, Schumann ayant d’ailleurs longtemps hésité entre ces deux voies. Le dispositif associe un chœur mixte et quatre chanteurs à une petite formation (flûte, clarinette basse, tuba, harpe, célesta, harmonium, violon), chaque instrument n’étant sollicité que dans une seule pièce, hormis deux percussionnistes, à la tête d’un attirail assez incongru (feuillages, paire d’escarpins à talons aiguilles, papier froissé, chaînes métalliques, plaque en carton, allumette et bougie, bouteille de champagne et ses deux verres entrechoqués, ...).


La surprise vient de ce qu’au-delà de cet humour potache sans lequel Kagel ne serait pas Kagel – plongeant la salle dans le noir dès que le percussionniste a soufflé sur la bougie – ce bric-à-brac se révèle, en fin de compte, sobre et dépouillé, presque trop respectueux du texte de Schumann, toujours clairement énoncé ou chanté par la récitante (mezzo) et par les trois autres solistes. Le chœur, sans paroles dans les trois premiers morceaux, ne s’épanouit pleinement que dans le dernier, tandis que les musiciens commentent et colorent discrètement les événements, dans un premier degré presque naïf: l’évocation des arbres appelle les bruissements de feuillages, celle d’une église fait appel à l’harmonium. Kagel vient saluer le public et remercier les solistes, les vingt-deux choristes d’Accentus, préparés par Denis Comtet, ainsi que les pupitres de l’Ensemble Intercontemporain, tous consciencieusement dirigés par Olari Elts.


En seconde partie, le chef estonien se retrouve à la tête de l’Orchestre de chambre d’Europe, pour une interprétation efficace, musclée et rebondissante de la Première symphonie «Le Printemps» (1841) de Schumann. Aux antipodes d’une orchestration dont l’opacité a souvent été critiquée, le petit effectif rend justice à la verdeur du propos, même si les trente-deux cordes peinent parfois à s’imposer dans les tutti. Sans ombres ni arrière-pensées, cette approche limpide et contrastée traduit un évident plaisir de jouer, offrant dans le Larghetto une respiration plus raffinée que poétique.



Simon Corley

 

 

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