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La force de l’évidence Paris
Théâtre des Bouffes du Nord
04/04/2005 -
Ludwig van Beethoven : Quatuors n° 14, opus 131, 15, opus 132 et 16, opus 135
Quatuor Prazak: Vaclav Remes, Vlastimil Holek (violon), Josef Kluson (alto), Michal Kanka (violoncelle)
Au Théâtre des Bouffes du Nord, le Quatuor Prazak s’est livré à un véritable marathon musical, présentant en deux concerts les cinq derniers quatuors de Beethoven (y compris la Grande fugue): marathon dans le marathon, le second concert était consacré rien moins qu’aux Quatorzième et Seizième (1826), puis au Quinzième (1825). L’homogénéité de la formation tchèque n’est certes sans doute plus ce qu’elle était, entre le (premier) violon de plus en plus imprécis (mais à la sonorité toujours aussi belle) de Vaclav Remes et le violoncelle toujours souverain de Michal Kanka.
Mais pour le reste, les qualités des Prazak paraissent intactes: une mobilité, un sens dramatique, une sorte d’urgence permanente, qui donnent l’impression que tout est inlassablement remis en question, mesure après mesure. De même que pour Mahler, chaque symphonie devait constituer un monde en elle-même, de même chacun de ces quatuors acquiert-il sous leurs archets la richesse, la complexité et la diversité d’un univers complet. Dans le Quatorzième, ils rendent ainsi justice aussi bien aux errances visionnaires de l’Adagio, ma non troppo e molto espressivo initial qu’à l’engagement physique de l’Allegro final. Dans le même esprit, le Seizième ne ménage pas les contrastes et se refuse à arrondir les angles, la finesse et la subtilité ne tardant pas à basculer dans des gouffres expressifs. Tout aussi vivante et versatile, l’interprétation du Quinzième semble également portée par la force de l’évidence: inquiétude, humour, recueillement, fougue, rien ne semble manquer à leur palette de nuances.
Répondant à l’accueil d’un public toujours aussi attentif et fidèle, le Quatuor Prazak offre en bis la Cavatine du Treizième quatuor, confirmant qu’il ne néglige nullement la dimension lyrique de ces œuvres.
Simon Corley
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