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Les petits plats de Plasson

Paris
Théâtre Mogador
03/30/2005 -  
Ernest Chausson : Symphonie, opus 20
Maurice Ravel : Valses nobles et sentimentales
Claude Debussy : La Mer

Orchestre de Paris, Michel Plasson (direction)


L’Orchestre de Paris présentait trois des œuvres qu’il s’apprête à emporter pour une tournée de sept concerts au Japon du 5 au 13 avril puis… à Biarritz le 22 avril. Avec à sa tête Michel Plasson, qui alimente ainsi lui-même son image un peu réductrice de «spécialiste de la musique française», il n’est pas surprenant qu’il emporte dans ses valises un répertoire aussi «pointu» (Chausson, Debussy, Ravel et Roussel), même s’il n’est pas interdit de se demander si la phalange parisienne doit seulement «exporter» des produits estampillés «bleu blanc rouge», ainsi qu’elle l’a d’ailleurs fait en Chine à l’automne dernier. Cela étant, on pourra toutefois objecter que Beethoven et Mendelssohn étaient au menu de son déplacement en Allemagne, sous la houlette de Christoph Eschenbach, le mois dernier.


La Symphonie en si bémol (1891) de Chausson semble bénéficier d’un retour en grâce ces dernières années. Ce n’est que justice, surtout lorsqu’elle est aussi bien servie, à la fois par une baguette plus rhapsodique et instinctive que précise ou cohérente et par des musiciens qui se montrent particulièrement à leur avantage dans cette atmosphère wagnérienne. Plasson confère une belle ampleur à cette sœur cadette de la Symphonie de Franck: nulles longueurs, à ses yeux, dans la partition, dont il prend le temps de mettre en valeur avec gourmandise les couleurs et les changements de climat. Ensuite, bien sûr, chacun sera en droit de porter son appréciation sur un chef qui ne s’est décidément pas mis à la «nouvelle cuisine» symphonique, continuant de proposer des assiettes de conception traditionnelle, goûteuses et généreuses, plus soucieuses de franchise que de présentations épurées, mais dont la sincérité, qui ne va pas chercher midi à quatorze heures, ne peut jamais être mise en doute: un fumet à l’ancienne qui inspire une certaine nostalgie d’une époque où les impulsifs qui disaient «je», pour le meilleur et pour le pire, n’avaient pas encore laissé la place à une objectivité aussi fade qu’irréprochable.


Loin des rivages franckistes, cette approche produit sans doute des résultats plus contestables. La seconde partie de la soirée, avec nombre de changements dans les chefs de pupitres, débutait ainsi avec des Valses nobles et sentimentales (1911) de Ravel plus expressives et capiteuses que transparentes ou méticuleuses. Quelques années avant la grande boucherie, ce n’est certes pas encore ici l’apocalypse de La Valse, mais ce n’en est pas moins un monde finissant, avec un charme capiteux et un détachement à la Chabrier, jusque dans l’engourdissement conclusif, onirique et vaporeux. On regrettera enfin avoir eu quelque peine à suivre Michel Plasson dans La Mer (1905) de Debussy. Flottante, si l’on ose dire, la conception, excessivement décorative, avec des phrasés étranges (première apparition du choral, aux cors, dans Dialogue du vent et de la mer) et un rubato propre à provoquer la naupathie, est certes animée de bons sentiments, mais pèche par une inégale attention aux plans sonores et par des approximations trop nombreuses: un rodage qui pourra certainement être affiné dans les prochains jours.


Ce court programme est complété en bis par l’Adagietto, extrait (de la Première suite) de L’Arlésienne (1872) de Bizet, une musique – «qui vient du ciel et qui y retourne» – toujours chère au cœur de Plasson.



Simon Corley

 

 

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