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Back to back appointment

Paris
La Maroquinerie
03/21/2005 -  

Vanessa Wagner (piano), Benoît Delbecq (piano), Steve Argüelles (assistance et obstacles électroniques)


Après Franck Krawczyk et Marcel Azzola (voir ici), La Maroquinerie accueillait avec le même succès Pascal Dusapin ainsi que le pianiste de jazz Benoît Delbecq pour la deuxième des quatre «Duophonies». Inauguré cette saison, le principe consiste à demander à un compositeur «pas mort» – pour reprendre la plaisante et profonde expression de Dusapin – de convier un musicien ne venant pas du «classique» pour une confrontation conviviale – mais comment en serait-il autrement dans ce lieu décalé? – que – on l’espère du moins – fructueuse. A chacun de se laisser surprendre, d’abandonner les préjugés au vestiaire – on a l’impression que même le compositeur, dans sa présentation introductive, hésite un temps avant de parler, comme s’il s’agissait d’un mot obscène, de la «variété» – et vogue la galère: si Delbecq n’a certes pas le même bagout qu’Azzola, sa rencontre avec Dusapin – baptisée par ce dernier «back to back appointment» – démontre sans doute des affinités esthétiques plus évidentes que l’échange respectueux avec Krawczyk en novembre dernier.


Ayant écrit tardivement pour l’instrument, Dusapin a conçu ses sept Etudes pour piano (1999-2001) comme un cycle, aux préoccupations d’ordre plus formel que technique (voir ici). Vanessa Wagner, dédicataire des Troisième et Septième, n’en interprète ici que quatre, dans le désordre. Incantatoires, statiques quand elles ne sont pas foisonnantes, traversées de bribes (modales) de mélodies, ces pièces, qui ont déjà conquis de nombreux interprètes, semblent tirer le meilleur profit qui soit du recul dont on peut désormais disposer sur les acquis pianistiques du XXe siècle, de Debussy à Ligeti, en passant par Ravel, Schönberg, Bartok, Nancarrow ou Stockhausen.


On apprendra que Dusapin, dans son adolescence, a désiré devenir musicien de jazz. D’où le choix de Delbecq, dont il salue la «quête joyeuse». Après chacune des Etudes, le pianiste – accompagné des «obstacles électroniques» générés par Steve Argüelles, batteur de formation – succède à Vanessa Wagner pour laisser errer son inspiration. Même si l’on perçoit nettement chez lui la liberté de l’improvisateur, son propos, tout aussi nocturne et hypnotisant, n’introduit pas de rupture fondamentale. Il est vrai qu’il apprécie Ligeti: non seulement cela tombe bien – puisque celui-ci possède à son actif quinze Etudes de référence – mais cela s’entend. Car le style de Delbecq, qui évoque le jazz bien plus dans l’esprit qu’à la lettre, est fondé sur de très courts motifs répétés et d’imperceptibles transitions. Se décrivant comme un adepte du «piano préparé» à la John Cage, il sollicite directement les cordes, dans son ultime intervention, pour en tirer des sonorités «exotiques». Le dispositif électronique de Steve Argüelles, qui tient parfois du bidouillage de fréquences sur un vieux poste de radio, permet toutefois de créer un «dialogue de l’ombre double», avec des sons repris, échantillonnés, transformés, déformés, provoquant notamment des superpositions rythmiques d’une complexité digne de Nancarrow.



Simon Corley

 

 

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