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Patrimoine

Paris
Maison de Radio France
03/18/2005 -  
François Vercken : Diptyque (création)
Arthur Honegger : Pacific 231, H. 53 – Concerto pour violoncelle, H. 72
André Jolivet : Concerto pour trompette n° 2 – Cinq danses rituelles

Jérôme Pernoo (violoncelle), David Guerrier (trompette)
Orchestre national de France, Yoel Levi (direction)


Les trois jours de concerts gratuits proposés par Radio France, sous le titre «Figures françaises», constituent une rare occasion de pouvoir entendre à Paris la musique de Caplet et Daniel-Lesur, voire d’Honegger, Jolivet, Roussel ou Schmitt. Et, fort légitimement, c’est l’Orchestre national qui donnait le départ de cette expédition dans notre patrimoine, retrouvant ainsi ce répertoire qu’il a tant défendu dans le passé et qui lui convient encore si bien aujourd’hui.


La soirée débutait par la première de Diptyque de François Vercken. Comme son nom l’indique, l’œuvre, d’une durée de onze minutes, consiste en deux mouvements enchaînés, dont les sous titres originels (successivement Couleurs et Parfums) – finalement abandonnés – évoquent immédiatement… des figures françaises (Messiaen, Debussy, …). Cela étant, son langage se situe plutôt dans le prolongement de Dutilleux, Nigg ou Ohana: l’effectif orchestral, relativement réduit (bois et cuivres par deux, mais trois hautbois et trois clarinettes, timbales, deux percussionnistes et cordes), est mis en valeur à la manière d’un «concertino pour orchestre» pour lequel Vercken dit avoir eu «le souci de la forme et de la construction». Cette préoccupation ne ressort toutefois pas de façon évidente de cette succession d’images brèves et de ce propos versatile et hédoniste, indéniablement… «français» dans son attachement aux timbres et dans son expression retenue.


Les deux plus célèbres groupes de compositeurs formés durant l’entre-deux-guerres étaient ensuite représentés par deux de leurs personnalités. D’abord les «Six», avec deux partitions d’Honegger créées en leur temps par l’infatigable Koussevitzky. De façon assez surprenante, Pacific 231 (1923), bien que sans doute la plus emblématique de son auteur, apparaît fort peu souvent à l’affiche, malgré sa brièveté: elle n’a pourtant rien perdu de sa force de conviction – dans une esthétique comparable mais avec des moyens instrumentaux moins importants que Fonderies d’acier de Mossolov – surtout lorsqu’elle est restituée de façon aussi parfaitement implacable, métallique et mécanique.


Bien qu’écrit six ans plus tard, le Concerto pour violoncelle (1929) présente un caractère très différent, d’un lyrisme tour à tour serein et sombre. Jérôme Pernoo y mêle élégance, élan et aisance, offrant ensuite un bis on ne peut plus approprié, considérant la vénération qu’Honegger avait pour Bach: le jeune violoncelliste, qui a déjà gravé les six Suites chez Ligia Digital, explore de façon particulièrement intériorisée la Sarabande de la Quatrième suite.


Jolivet, dont le centenaire est célébré cette année, fut l’un des fondateurs de «Jeune France», quinze ans après les «Six», mais le délire jazzistique et primitiviste de son Second concerto pour trompette (1954) n’en descend pas moins de Milhaud, comme une sorte de Création du monde poussée à son paroxysme. David Guerrier vient d’avoir vingt ans, mais, alors qu’il survole les difficultés techniques et interprétatives de ce concerto, il est stupéfiant de se rappeler qu’il est par ailleurs premier cor solo de l’Orchestre national depuis le début de la saison. Dans les Danses rituelles (1939/1940), Yoel Levi, qui dirige la totalité du programme par cœur – y compris la création et les deux concertos – maîtrise remarquablement les progressions lancinantes (Danse initiatique, Danse funéraire), alternant terreur (Danse du héros, Danse du rapt) et sensualité inquiétante (Danse nuptiale).



Simon Corley

 

 

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