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A Paris autour de 1800

Paris
Cité de la musique
03/13/2005 -  
Antoine Reicha : Ouverture en ré
Hyacinthe Jadin : Concertos pour pianoforte n° 2 et 3
Etienne-Nicolas Méhul : Symphonie n° 2

Patrick Cohen (pianoforte)
Ensemble baroque de Limoges, Christophe Coin (direction)


La Cité de la musique présente un cycle «De la cour aux concerts publics», comprenant, d’ici le 18 mars prochain, sept concerts et un forum, excellent prétexte pour programmer, autour de diverses musiques du XVIIe au début du XIXe, des artistes et ensembles prestigieux: Christie et ses Arts florissants, Niquet et son Concert spirituel, Staier et l’Orchestre de chambre d’Europe, Quasthoff et l’Orchestre baroque de Fribourg, ... Dans ce cadre, l’Ensemble baroque de Limoges et Christophe Coin, qui en est le chef depuis 1991, proposaient de se familiariser avec la production symphonique française au tournant des XVIIIe et XIX siècles: celle-ci reste en effet encore assez obscure, tant elle fut reléguée dans l’ombre, après avoir connu une période faste jusqu’à la Révolution, par le modèle germanique et par le genre lyrique, qui devait durablement se concilier les faveurs des spectateurs.


Reicha, surtout réputé pour ses quintettes à vent, suscite l’étonnement: si l’on veut bien se souvenir que son catalogue est riche en œuvres orchestrales (symphonies et ouvertures), presque toutes postérieures à son installation à Paris (1808), force est de reconnaître qu’elles demeurent encore aujourd’hui assez peu diffusées. Il y a pourtant bien des découvertes passionnantes à en espérer, si l’on en croit cette Ouverture en ré choisie pour l’occasion, un vaste Allegro un poco vivo qui réserve moult surprises à la Haydn ou à la Carl Philipp Emanuel Bach, que ce soient des modulations inattendues ou bien un rythme à cinq temps maintenu sans désemparer pendant près d’un quart d’heure.


Fils et frère de compositeur, pianiste de formation, professeur au Conservatoire, Hyacinthe Jadin a, malgré une disparition précoce, laissé de nombreuses partitions pour son instrument, qui ont été exhumées depuis une quinzaine d’années. C’est le cas de ses trois concertos pour piano, écrits vers 1795-1800 et dont l’édition est en cours sous l’égide du Centre de musique baroque de Versailles. Vieux complice de Christophe Coin, Patrick Cohen donnait d’abord, sur un superbe Broadwood 1806 prêté par Jérôme Hantaï, le Deuxième concerto (en mineur), qui trahit une indéniable influence du classicisme viennois, tant du point de vue de la forme (trois mouvements de vingt-cinq minutes) que de l’orchestration (deux flûtes, deux hautbois, deux bassons, deux cors et cordes) ou du langage (notamment dans le bel Adagio central). Dans son souci de convaincre et de tirer le maximum de cette musique qui ne refuse pas la virtuosité, le soliste tend cependant à privilégier des attaques percussives et à étirer excessivement le discours.


Plus original dans sa structure (deux mouvements vifs) et dans son propos (irruption d’un récitatif du piano après l’introduction orchestrale, omniprésence de la variation, brusques échappées en mineur), le Troisième concerto (en la majeur) paraît néanmoins se rattacher davantage à une esthétique d’Ancien Régime, avec le thème de chasse de son Rondo final, où Cohen, se tournant à deux reprises vers le public comme pour le prendre à témoin, lui fait partager les clins d’œil suggérés par le texte.


A peine plus âgé que Reicha et Jadin, Méhul avait fait sensation, voici environ trois lustres, avec la parution d’un enregistrement de deux ses symphonies par les Musiciens du Louvre et Marc Minkowski, comportant cette «Symphonie n° 2» (en ), qui, en réalité, n’est pas la deuxième, mais s’inscrit dans une série de quatre apparues coup sur coup en 1809-1810. Plutôt que de tenter un ambitieux rapprochement avec Beethoven – qui avait certes alors déjà cinq symphonies à son actif, lesquelles ne furent toutefois créées à Paris que vingt ans plus tard – il suffit d’entendre dans cette symphonie un lien entre l’aboutissement des ultimes londoniennes de Haydn (1795) – un Andante variant un thème d’une extrême simplicité – et les audaces des premiers essais de Schubert (1813) – un Menuet qui tient déjà davantage du scherzo, tout en conservant un caractère très dansant.


Souvent martial, Christophe Coin démontre tout au long de ce concert qu’il a su construire avec d’excellents musiciens un ensemble qui offre une homogénéité et une rondeur que ne possèdent pas toutes les formations baroques comparables. Et le bis conclut fort logiquement par Haydn, la référence incontournable des concerts parisiens de l’époque, avec le Menuet de sa Quatre-vingt-dix-neuvième symphonie (1793).



Simon Corley

 

 

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