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Dialogues

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
11/26/2004 -  
Richard Wagner : Prélude et Mort d’Isolde – Prélude (transcription Kocsis) et Mort d’Isolde (transcription Liszt)
Franz Liszt : Concerto pour piano n° 1 – Dante-Symphonie

Zoltan Kocsis (piano)
Maîtrise de Radio France, Toni Ramon (chef de chœur), Orchestre philharmonique de Radio France, Kazushi Ono (direction)


Directeur musical du Théâtre de la Monnaie depuis 2002, Kazushi Ono est régulièrement invité et toujours aussi bien accueilli par l’Orchestre philharmonique de Radio France (voir ici, ici et ici), qui offrait ici une copieuse et intéressante confrontation entre Wagner et Liszt: œuvres achevées à la même époque (1849-1859), transcriptions, dédicaces, rien ne manquait pour nourrir le dialogue entre le maître de Bayreuth et son gendre.


Dans Prélude et Mort d’Isolde (1859) de Wagner, Ono parvient à concilier une volonté de dramatiser le discours avec une approche très travaillée, mais le résultat manque parfois de précision et d’équilibre entre les voix. Zoltan Kocsis était ensuite le soliste du Premier concerto pour piano (1839-1849) de Liszt: échevelée, théâtrale, subjective, procédant par à-coups, accélérant puis retardant sans cesse, son interprétation, fondée sur une technique et une puissance insolentes, revendique explicitement l’ébouriffant, voire l’esbroufe, notamment dans l’Allegro marziale animato conclusif, pris dans un tempo effréné. Derrière lui, l’orchestre se déchaîne joyeusement, faisant sienne cette conception à laquelle on pourra toutefois reprocher de privilégier, au détriment de la cohérence et de la poésie, exclusivement la dimension spectaculaire et virtuose de la partition.


Dans une sorte d’immense bis (les musiciens restent d’ailleurs sur scène), le pianiste hongrois se lance à son tour dans Prélude et Mort d’Isolde: si c’est Liszt qui, parmi bon nombre d’adaptations ou d’arrangements wagnériens, a fidèlement transcrit , dès 1867 (deux ans après la création de l’opéra) la Mort d’Isolde, c’est Kocsis lui-même qui a réalisé et édité une réduction du Prélude: à peine moins flamboyant que dans le concerto, il crée, autant que faire se peut, l’illusion de l’orchestre, bien que desservi par un Steinway au medium étrangement instable.


Wagner fut le dédicataire de la Symphonie pour la «Divine comédie» du Dante (1856) de Liszt, qui ne s’est pas imposée au répertoire comme la «fantasia quasi sonata» Après une lecture du Dante ou comme sa sœur jumelle, la Faust-Symphonie, écrite au même moment et dédiée quant à elle à Berlioz (lequel était d’ailleurs à la tête de l’orchestre pour la création du Premier concerto). Ces deux vastes fresques entretiennent une certaine parenté stylistique, même si la Dante-Symphonie évoque également les poèmes symphoniques contemporains, comme Les Préludes. Cela étant, L’Enfer n’est pas sans annoncer Francesca da Rimini de Tchaïkovski tandis que Le Purgatoire, avec son choral puis son développement fugué, suggère plus curieusement Bruckner. Quant au Magnificat final, dont l’arpège ascendant fait fâcheusement penser au Beau Danube bleu, il se place dans la descendance de l’épilogue de La Damnation de Faust de Berlioz.


De cet univers qui ne peut nullement dépayser un chef d’opéra tel que lui, Ono, qui a dirigé par cœur toute la soirée (y compris le concerto), propose une vision dynamique et enlevée (quarante-trois minutes), bien mise en place et couronnée par une excellente prestation de la Maîtrise de Radio France, se substituant au chœur de femmes prévu par Liszt.



Simon Corley

 

 

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