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Offenbach parodique

Paris
Salle Gaveau
11/06/2004 -  et 6 novembre 2004 (Antony)
Jacques Offenbach : Symphonie de l’avenir (Marche des fiancés), extraits du «Carnaval des revues» – Couplets de Bacolo, extraits de «Il Signor Fagotto» – Quatuor de chasse, extrait de «Geneviève de Brabant» – Croquefer ou le dernier des paladins
Isaac Strauss : Quadrille sur des motifs de «La Belle Hélène»

Isabelle Fleur (Fleur de soufre), Frank T’Hézan (Croquefer), Eric Huchet (Ramasse-ta-Tête), Philippe Gortari (Boutefeu), Vincent Vittoz (Mousse-à-Mort)
Orchestre Pasdeloup, Jean-Christophe Keck (direction)


La saison des Concerts Pasdeloup offre une place de choix à Jacques Offenbach, puisque trois de ses huit concerts lui seront intégralement consacrés. Pour le premier d’entre eux, c’est le responsable de l’édition Offenbach en cours chez Boosey and Hawkes/Bote und Bock, Jean-Christophe Keck lui-même, qui était invité, appelant à nouveau de ses vœux, dans son propos introductif, l’organisation d’un véritable festival dédié au «petit Mozart des Champs-Elysées». En attendant, au cours de cette après-midi assez atypique, le musicologue a présenté et dirigé quelques raretés partageant un caractère parodique particulièrement marqué.


C’est d’abord l’avant-garde de l’époque – entendre Wagner, de passage à Paris, et son «art de l’avenir» – qui est brocardée dans une cacophonique Symphonie de l’avenir (Marche des fiancés), extraite du Carnaval des revues (1860), mélodrame dit avec toute l’emphase requise par Franck T’Hézan. Rossini et Berlioz sont, quant à eux, la cible des couplets de Bacolo extraits de Il Signor Fagotto (1863), dont l’une des traits d’humour consiste à imiter divers cris d’animaux, ce dont T’Hézan se tire fort bien. Le quatuor de chasse extrait de Geneviève de Brabant (1859) met en valeur les délicates vocalises d’Eric Huchet, pendant que les trois autres ténors singent facétieusement des appels de cors.


En guise d’intermède, Keck a déniché un Quadrille sur des motifs de La Belle Hélène, dû à Isaac Strauss (1806-1888), arrière-grand-père de Claude Levi-Strauss, proche collaborateur d’Offenbach et directeur des bals de la Cour sous Louis-Philippe puis directeur de la musique de l’établissement thermal de Vichy: on ne dira pas qu’il se caractérise par son raffinement rythmique et sa légèreté, chaque temps, ou presque, étant solidement marqué par la percussion.


Donné en 2002 au Festival des châteaux de Bruniquel, dont T’Hézan est le directeur artistique, Croquefer ou le dernier des paladins (1857), opéra-bouffe en un acte sur un livret d’Etienne Tréfeu et Adolphe Jaime fils, était repris ici en version de concert, mais avec des éléments de mise en scène ainsi que des costumes et accessoires. T’Hézan (Croquefer) et Huchet (Ramasse-ta-Tête) sont entourés de partenaires à l’abattage et à la verve non moins efficaces: Isabelle Fleur (Fleur de soufre), Philippe Gortari (un Boutefeu hyperactif, sans doute proche parent de Ticky Holgado) et Vincent Vittoz (Mousse-à-Mort, muet comme Papageno au premier acte de La Flûte enchantée, mais s’exprimant avec force onomatopées ou par messages écrits sur une panoplie de parapluies pliants qu’il dégaine comme des épées).


La subtilité n’est certes pas réellement de mise dans ce Moyen-Age de pacotille, délibérément anachronique, avec un livret truffé de calembours et coq-à-l’âne, dont les protagonistes surjouent à juste titre le côté outré et potache, requérant du spectateur un solide sens du second degré. A l’unisson du texte, la musique trouve un peu parcimonieusement sa place entre les dialogues et offre ces moments de charme ou de folie dont Offenbach a le secret, par exemple un quintette en forme de chanson à boire. C’est donc fort justement qu’après le retour du quatuor de chasse, l’entraînant «galop du postillon», déjà annoncé dans l’ouverture, sera également bissé.



Simon Corley

 

 

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