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L’alpha et l’oméga

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
10/27/2004 -  
Gustav Mahler : Symphonies n° s 1 et 10 (Adagio)

Orchestre philharmonique de Radio France, Myung-Whun Chung (direction)


L’Orchestre philharmonique de Radio France et son directeur musical, Myung-Whun Chung, proposent jusqu’au 24 juin une intégrale en neuf concerts des symphonies de Mahler. Trois d’entre elles ont d’ores et déjà marqué des moments importants d’une collaboration entamée voici maintenant quatre ans: la Cinquième (voir ici) pour le premier concert de leur première saison (septembre 2000), la Deuxième (voir ici) pour les vingt-cinq ans de la formation (septembre 2001) et la Première (voir ici et ici), donnée en tournée (mars 2003). Et, quelques années plus tôt, après son éviction de l’Opéra de Paris, c’est également avec la Première que Chung avait effectué un fracassant retour devant un orchestre français, en l’espèce l’Orchestre national de France (mars 1999), avant de la diriger à la Philharmonie de Berlin (décembre 2001, voir ici).


Il s’agira, dans cette vaste entreprise, des «symphonies» stricto sensu. Aussi Le Chant de la terre, que le compositeur n’a pas osé baptiser Neuvième symphonie, n’y est-il pas inclus, alors qu’il est sous-titré «Une symphonie pour voix de ténor et d’alto (ou de baryton) et orchestre» (1). De même, la Dixième n’est représentée que par son seul Adagio introductif, sans même le Purgatorio central dont Mahler avait pourtant achevé la moitié de l’orchestration, alors que dans le programme – payant (10 euros), une fois n’est pas coutume à Radio France, mais abondamment commenté et illustré – qui accompagnera l’ensemble de ce cycle, Henry-Louis de la Grange parle de «travail admirable» à propos de la réalisation des cinq mouvements de cette œuvre par le musicologue britannique Deryck Cooke, qui a trouvé sa place au répertoire et au disque.


La première étape de ce long voyage commençait précisément par l’Adagio de la Dixième symphonie (1911). Affirmer que cette entrée en matière a pleinement convaincu serait très exagéré: ayant opté pour un effectif immense (soixante-dix cordes), Chung le fait pourtant sonner avec parcimonie dans l’acoustique sèche du Théâtre des Champs-Elysées, à l’unisson d’une approche inhabituellement objective et dépouillée, voire distante, où l’ironie, pour autant, ne trouve pas sa place. En outre, il ralentit considérablement le tempo (près de vingt-neuf minutes): de ce fait, non seulement les musiciens, que l’on a connus en meilleure forme, se trouvent ainsi entraînés sur des sentiers périlleux, mais, surtout, cette option tient difficilement sur la totalité du mouvement, qui en devient par trop distendu.


En seconde partie, après l’ultime symphonie, la Première (1888), dite Titan, dans laquelle, un quart de siècle plus tôt, la personnalité de Mahler éclate déjà de manière évidente. Si sa conception globale a fort logiquement peu évolué depuis dix-huit mois, le chef, d’ordinaire plus flamboyant, retient ses troupes durant l’essentiel du premier mouvement, étrangement lisse, joué sans la reprise et ne prenant son envol que dans la coda, animée quant à elle par un remarquable sens dramatique. Délibérément rustaud, coloré et criard, le Scherzo est suivi d’un troisième mouvement d’une étonnante sobriété, où seule la musique tzigane se montre plus décorative. Malgré des imprécisions inattendues, on retrouve dans le Final la formation élancée et tranchante que l’on a si fréquemment eu l’occasion d’admirer. Mais s’il lâche donc un peu la bride dans les passages orageux ou triomphaux, Chung, dans les épanchements lyriques, privilégie à nouveau un tempo très alangui, qui, trop souvent, étire excessivement le discours.


Malgré cette mise en route hésitante, la suite du périple n’en demeure pas moins prometteuse, avec, dès le 29 octobre, la Deuxième symphonie, dite Résurrection.


(1) Relevons toutefois que l’Orchestre national et son directeur musical, Kurt Masur, l’interpréteront le 9 décembre prochain au Théâtre des Champs-Elysées, avec Petra Lang et Jon Villars en soliste.



Simon Corley

 

 

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