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Cantates de saison

Paris
Eglise Saint-Roch
10/26/2004 -  
Johann Sebastian Bach : Cantates BWV 55, 56, 98 et 180
Sophie Karthaüser (soprano), Petra Noskaiova (alto), Christoph Genz (ténor), Stephan Genz (baryton)
La Petite Bande, Sigiswald Kuijken (direction)


Les Concerts Parisiens présentent jusqu’au 19 mai une cinquantaine de manifestations dans divers lieux de la capitale (églises, salles et théâtres), faisant la part belle à la musique ancienne (Doulce mémoire, van Nevel, Ensemble Clément Janequin, Savall...) et baroque (Koopman, Biondi, Lesne, Il Giardino armonico, Lislevand, Spieth, Herreweghe, Les Agrémens, Verlet, Kirkby, Mellon, Concerto Köln, Jaroussky, Niquet...), mais aussi aux récitals (King’s singers, Denis Pascal, Till Fellner...) et aux spectacles (une pantomime «Pierrot fâché avec la lune»).


C’est dans ce cadre, et plus précisément celui des «Grands concerts sacrés», que Sigiswald Kuijken, au cours des six ou sept prochaines saisons, donnera une cinquantaine de cantates de Bach. Cette année, sa participation se déroule en deux temps: avant de se produire, le 10 novembre prochain, avec le Collegium vocale et l’Orchestre baroque de Fribourg, dans trois rares cantates profanes, il proposait d’abord, avec «sa» Petite Bande, quatre cantates destinées aux offices de la période en cours (fin octobre-fin novembre).


Toujours aussi soucieux d’exactitude historique – il considère ainsi que le chœur doit être limité à un chanteur par partie – il trouve l’occasion de faire usage de la «viola da spalla» (ou «violoncello da spalla»), virtuellement oubliée depuis le milieu du XVIIIe siècle, dans certains des récitatifs de deux de ces cantates. En effet, selon Kuijken, ce que l’on qualifiait, du vivant de Bach, de «violoncello» (ou de «violoncello piccolo», voire de «viola pomposa»), c’est-à-dire celui pour lequel il a composé ses six Suites, est en réalité une sorte de grand alto à cinq cordes (avec cinquième corde en mi). Cette configuration s’accorde d’ailleurs avec le fait que la Sixième Suite requiert un «violoncelle» à cinq cordes.


A défaut d’être «da braccio» comme le violon ou l’alto, en raison de sa taille, et sans être d’ailleurs, au sens propre, «da spalla» («contre l’épaule»), il était maintenu devant la poitrine grâce à une sangle passant autour du cou. Rien à voir, par conséquent, avec la famille de la «viola da gamba», ce qu’atteste également la pratique consistant à confier à des violonistes ou altistes les parties réservées à cet instrument. Jouant une copie réalisée en février dernier par le luthier bruxellois Dmitry Badiarov, Kuijken fait d’abord découvrir cette «viola da spalla» dans la Sarabande de la Troisième suite pour violoncelle: un hybride surprenant, avec une sonorité fine tenant plus de l’alto, mais possédant en même temps, quoique dans une dynamique plus restreinte, les graves du violoncelle.


Outre le respect du calendrier liturgique, le choix des cantates inscrites au programme n’était décidément pas le fruit du hasard, plus particulièrement pour les trois premières: créées à quelques semaines d’intervalle en 1726, elles partagent en effet une thématique commune (souffrance, culpabilité et guérison) et les mêmes tonalités (sol mineur, si bémol majeur), deux d’entre elles constituant au demeurant de rares exemples de cantates pour voix d’homme soliste.


Dans la Cantate 56 «Ich will den Kreuzstab gerne tragen», le baryton Stephan Genz fait admirer une diction impeccable, mais son timbre n’est pas servi par une acoustique à la fois lointaine et réverbérée, qui, arrondissant les angles, confère en même temps un caractère étrangement suave et moelleux à ces textes évoquant la souffrance et la culpabilité. Créée trois semaines plus tard, la Cantate 55 «Ich armer Mensch, ich Sündenknecht», la seule pour ténor soliste, est confiée à son benjamin de deux ans, Christoph Genz, plus expressif et dont la couleur claire s’impose plus facilement.


Après l’entracte, la Cantate 98 «Was Gott tut, das ist wohlgetan» permet d’apprécier le phrasé délicat de la soprano Sophie Karthaüser et d’entrevoir, à la faveur d’un seul récitatif, les qualités de la contralto Petra Noskaiova. Antérieure de deux ans, à la fois plus développée et plus originale, car tenant à la fois de la cantate-choral et de la Tafelmusik, la Cantate 180 «Schmücke dich, o liebe Seele» aborde en outre un tout autre sujet, celui de la communion. Sans surprise, Kuijken et ses musiciens confirment ici leur totale adéquation stylistique et spirituelle à cette musique, qui présage le plus heureusement qui soit de la suite de leur cycle aux Concerts Parisiens.


Le site des Concerts Parisiens



Simon Corley

 

 

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