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Trop beau pour être vrai

Montreal
Salle Pierre-Mercure
09/10/2004 -  

Johannes Brahms : Intermezzi, op. 117
Ludwig van Beethoven : Sonate no 32 en do mineur, op. 111
Claude Debussy : Préludes, extraits
Igor Stravinsky : Trois mouvements de Pétrouchka




Sergei Salov (piano)



Grand gagnant de la plus récente édition du Concours musical international de Montréal, le pianiste ukrainien Segei Salov, 25 ans, nous revenait pour inaugurer la saison des concerts présentés à Pierre-Mercure par la nouvelle chaîne musicale de Radio-Canada, Espace Musique (ancienne Chaîne culturelle). À travers un programme particulièrement chargé, tant sur le plan technique que spirituel, le visiteur aura à nouveau suscité émerveillement chez certains, consternation chez d’autres, un peu à la manière dont avait été perçue sa triomphale mais combien controversée victoire en juin dernier.


L’ambivalence et le doute sont en quelque sorte toujours aussi présents. C’est que Sergei Salov possède des qualités indéniables et spécialement remarquables à plusieurs égards : une technique pratiquement infaillible, un réel sens musical, et par-dessus tout une préoccupation souveraine pour la stricte beauté de la production sonore, véritable travail d’orfèvre qui fort malheureusement semble devoir constituer une fin en lui-même. Certaines œuvres pourtant s’en trouvent magnifiées : on retrouve dans l’opus 117 de Brahms une narration nostalgique, triste, amère et réconciliée à la fois qui convient sans nécessairement porter le texte à son paroxysme, et quels Debussy hallucinants ! Contrôle absolu de la sonorité, des couleurs, du climat même, venu arracher à l’auteur de ces lignes un «bravo !» bien sincère. Une approche semblable ne saurait par contre, en aucun cas, s’appliquer à un monument comme l’opus 111, et c’est là, entre autres, que le bât blesse. On entrevoit certes les portes du Ciel dans un état de béatitude consommée, mais de quelle façon l’interprète nous y mène-t-il vraiment ? L’ethos du discours est constamment ralenti par des vides pas tant expressifs que de tension, des trous auxquels ne peut palier l’éclairage externe (superficiel) consenti par le pianiste, et qui semble vouloir renier une capacité à justement illuminer la musique de l’intérieur, laquelle était si frappante chez David Fray…


Le problème est là également dans le Stravinsky, à un niveau différent. L’exécution est impeccable, mais on est trop loin de l’atmosphère du ballet pour célébrer quoi que ce soit. Chaleureusement ovationné, Salov conclut son récital par un Scriabine et une paraphrase sur des thèmes de Johann Strauss qui démontrent à merveille qu’il est aussi un virtuose considérable. Potentiel de maturation et nécessité de recentrer son répertoire ? Certainement.



Renaud Loranger

 

 

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